Le grand vainqueur du premier tour sera-t-il l’abstention ? Cette élection présidentielle se présente à ce jour comme celle où la non-participation au vote pourrait être la plus élevée de l’histoire de la Ve République. Fin mars, selon l’Ifop, plus d’un électeur sur trois (38 %, un point de plus que dans la même enquête en février) était encore tenté de ne pas se rendre aux urnes, en dépit d’un intérêt grandissant des Français pour l’élection. « La hausse de l’abstention constitue bien l’une des évolutions politiques majeures des grandes démocraties occidentales au cours des trois dernières décennies », estime même la spécialiste Céline Braconnier. Les plus jeunes, les moins diplômés, les plus instables professionnellement sont nettement sous-représentés dans les urnes, poursuit-elle, au vu de son étude des municipales de 2014. La présidentielle y échappera-t-elle ?
Les abstentionnistes disent tous ou presque le désenchantement
Il faut d’abord entendre ces abstentionnistes, que l’Humanité est allée sonder à Saint-Nazaire, Roubaix ou en région parisienne. Tous ou presque disent le désenchantement. Souvent ils ont voté par le passé, puis de moins en moins et puis plus du tout. Pierre, qui n’a voté qu’une fois en 2007 pour Ségolène Royal, n’envisage qu’une exception : « Si vraiment je n’ai pas le choix, j’irai voter… au deuxième tour contre le FN. » C’est la pause-déjeuner, 45 minutes pour manger, Pierre est pressé. Il vient de décrocher son premier CDI à 32 ans chez un sous-traitant du chantier STX de Saint-Nazaire. Pour lui, la campagne électorale, c’est un peu comme le paquebot qui est en cale…