L’armée de Pyongyang a durci le ton le 14 avril face à Washington, promettant une «réponse sans pitié» à toute provocation, alors qu’un porte-avions américain fait route vers la péninsule coréenne.
Dans une déclaration publiée par l’agence de presse officielle de la Corée du Nord KCNA, l’armée assure que les bases américaines présentes en Corée du Sud, «tout comme les quartiers généraux du Mal» tels que la présidence sud-coréenne à Séoul seraient «pulvérisés en quelques minutes» en cas de guerre.
Le vice-président américain Mike Pence doit justement se rendre ce week-end en visite officielle en Corée du Sud.
La Chine a averti de son côté qu’un conflit pouvait éclater «à tout moment». «Le dialogue est la seule issue», a martelé le ministre chinois des Affaires étrangères Wang Yi lors d’un point de presse à Pékin en compagnie de son homologue français Jean-Marc Ayrault.
Se disant «très inquiète», la Russie a appelé toutes les parties à la «retenue» et mis en garde contre «toute action qui pourrait être interprétée comme une provocation».
Donald Trump a promis le 13 avril que le «problème» nord-coréen serait «traité». Il avait annoncé auparavant l’envoi vers la péninsule coréenne du porte-avions USS Carl Vinson, escorté par trois navires lance-missiles, puis évoqué une «armada» comprenant des sous-marins.
Un tel porte-avions transporte en général 70 à 80 avions ou hélicoptères, dont une cinquantaine d’avions de combat.
La Corée du Nord a promis de répondre à l’envoi «insensé» de ce groupe aéronaval, se disant prête à la «guerre».
Selon de nombreux observateurs, la Corée du Nord pourrait, à l’occasion du 105e anniversaire de la naissance de Kim Il-sung, premier dirigeant du pays, procéder le 15 avril à un nouveau tir de missile balistique ou même à son sixième essai nucléaire, tous deux interdits par la communauté internationale.
La Chine en arbitre
Une semaine après avoir frappé la Syrie, les Etats-Unis ont utilisé le 13 avril en Afghanistan la plus puissante bombe américaine non-nucléaire jamais larguée. Cet engin, d’une puissance comparable à 11 tonnes de TNT, a tué au moins 90 membres du groupe djihadiste Etat islamique, selon le gouvernement afghan.
Le largage de cette bombe, qui intervient au moment où les tensions sont exacerbées avec Pyongyang, est largement interprété comme un signal adressé à la Corée du Nord.
Malgré les menaces, le régime communiste reste déterminé à ne pas abandonner son programme nucléaire.
Une guerre thermonucléaire «pourrait éclater à tout moment» et «menacer la paix et la sécurité mondiales», avait averti le 13 avril un porte-parole du ministère nord-coréen des Affaires étrangères, cité par KCNA. «Nous sommes prêts à répliquer à toute attaque nucléaire par une attaque nucléaire à notre façon», a insisté le numéro deux du gouvernement nord-coréen, Choe Ryong-Hae, promettant que son pays était «prêt à répondre à une guerre totale par une guerre totale».
«Le vainqueur ne sera pas celui qui tient les propos les plus durs ou qui montre le plus ses muscles», a réagi vendredi le ministre chinois des Affaires étrangères, sans citer explicitement l’initiative américaine. «Si une guerre a lieu, le résultat sera une situation dont personne ne sortira vainqueur».
La Chine est considérée comme le plus proche allié de la Corée du Nord, mais s’oppose fermement au programme nucléaire à visée militaire du régime de Kim Jong-un. Elle plaide pour une solution négociée et appelle régulièrement les Etats-Unis à la retenue dans ce dossier.
Solution gagnant-gagnant ?
«Les options militaires sont déjà en train d’être étudiées», a cependant déclaré le 14 avril un conseiller en politique étrangère de la Maison Blanche, sous couvert d’anonymat, ajoutant s’attendre à ce que Pyongyang procède à un nouveau test, soit de missile balistique soit nucléaire.
«Avec ce régime, la question n’est pas de savoir si cela va arriver mais juste de savoir quand», a-t-il souligné.
En cas d’essai ou de tir, «Pékin réagira fermement», a averti cette semaine le journal chinois Global Times, réputé proche du pouvoir. Le quotidien estime que la Chine pourrait soutenir de nouvelles sanctions de l’ONU allant jusqu’à des restrictions aux importations pétrolières de Pyongyang.
Pékin plaide depuis plusieurs semaines pour une solution dite de «suspension contre suspension» : Pyongyang doit interrompre ses activités nucléaires et balistiques, et Washington ses exercices militaires conjoints avec la Corée du Sud, des manoeuvres annuelles considérées par le Nord comme une provocation.
Les Etats-Unis rejettent le plan chinois. Mais la Chine juge qu’il s’agit de «la seule option réalisable» et met Washington au défi d’avancer «une meilleure proposition».
Un éditorial du Global Times a laissé entrevoir le 13 avril une solution inédite, en appelant Pyongyang à «abandonner son programme nucléaire» en échange de la protection de Pékin.
«La Chine a la capacité de lui apporter une garantie sécuritaire» si elle renonçait à ses armes atomiques, assure le quotidien. Une suggestion faite aussi par une source diplomatique française.
Quoi qu’il en soit, les vols de la compagnie aérienne publique Air China entre Pékin et Pyongyang seront suspendus à partir du 17 avril, a annoncé la chaîne d’Etat chinoise CCTV.