Plusieurs centaines de migrants occupent les environs de la porte de la Chapelle à Paris

Un campement sauvage des migrants, abritant aujourd’hui un peu moins de mille personnes, s’est formé dans le nord-est de la capitale. La préfecture prépare une éventuelle opération de démantèlement.

«Entre 700 et 800 migrants» campent dans le nord-est de Paris, notamment autour du centre de pré-accueil, porte de la Chapelle, a-t-on appris le 18 avril auprès de la préfecture d’Ile-de-France. Ce chiffre «augmente doucement depuis plusieurs semaines» mais «il n’y a pas eu d’explosion du nombre de personnes présentes» dans le sillage de la destruction du camp de Grande-Synthe (Hauts-de-France), a-t-on assuré à la préfecture. Les migrants, afghans, soudanais et érythréens essentiellement, sont surtout installés à proximité de ce centre ouvert en novembre pour les orienter vers une procédure d’asile. Mais une minorité campe aussi vers la rue Pajol voisine, théâtre de plusieurs campements successifs l’an dernier.

Quelque 1 140 personnes avaient été prises en charge sur le camp de Grande-Synthe, détruit par un violent incendie il y une semaine. Il hébergeait près de 1 400 personnes, essentiellement des Kurdes mais aussi des Afghans, au moment du sinistre.

A Paris, «on travaille au sujet d’une éventuelle opération» de mise à l’abri, indique-t-on à la préfecture, en soulignant le caractère «dangereux» du campement de tentes porte de la Chapelle.

Une partie des migrants est en effet installée boulevard Ney, sur un terre-plein central, et une autre à la sortie de l’autoroute A1, où les tentes sont plantées dans les interstices du réseau routier, frôlées par les poids lourds et au ras des gaz d’échappement.

Le 9 mars déjà, 226 personnes, majoritairement des Afghans, avaient été prises en charge sur ce site.

Le Centre d’accueil et d’orientation en ligne de mire

Les migrants se massent porte de la Chapelle dans l’espoir d’accéder au centre de pré-accueil, doté de 400 places, et qui ouvre la voie à un hébergement en Centre d’accueil et d’orientation (CAO) ou un centre d’urgence. Depuis son ouverture, «204 personnes en moyenne» ont été orientées vers ces structures chaque semaine, «soit un total de 4 480 personnes», a-t-on ajouté à la préfecture.

Mais ces orientations «ont chuté à 150 ces dernières semaines», un niveau «insuffisant pour garantir la fluidité», a souligné la semaine dernière la maire de Paris, Anne Hidaldo, dans un courrier au préfet de région et au préfet de police où elle faisait part de sa «profonde préoccupation».

Soulignant son «inquiétude» de «voir ces petits regroupements de personnes démunies annoncer la constitution de campements de plus grande importance», l’édile a demandé à l’Etat «d’assumer ses responsabilités» en «accroissant très vite les dispositifs» pour permettre «un accueil fluide» et en développant «les mesures garantissant leur sécurité dans l’espace public parisien», dans ce courrier dont l’AFP s’est procuré une copie.

«Il convient à cet égard de tirer le plus rapidement possible les enseignements des tensions constatées au cours des dernières semaines au sein du centre humanitaire de Grande-Synthe», soulignait la maire dans cette lettre datée du 13 avril.

Les tensions communautaires sont en effet palpables à Paris : jeudi soir, une violente rixe entre Afghans et Soudanais a éclaté aux abords du centre, faisant plusieurs blessés légers selon une source policière.

Le 9 mars, dans le sillage de la première mise à l’abri, une altercation née de tensions communautaires avait déjà éclaté dans la «bulle» qui accueille des migrants pendant la journée, faisant deux blessés au couteau.

Lien