Deux semaines après les frappes américaines en Syrie, le sénateur russe Alekseï Pouchkov détaille pour Sputnik les points de désaccords existant entre Moscou et Washington.
Les États-Unis n’ont toujours pas apporté la preuve que l’armée syrienne est responsable de l’incident chimique dans la province d’Idlib, perpétré le 4 avril. Selon Moscou, il s’agit d’une provocation, a déclaré le sénateur russe Alekseï Pouchkov dans une interview accordée à Sputnik.
« Beaucoup de parties sont intéressées à diaboliser Monsieur Assad. C’est dans l’intérêt des djihadistes d’avoir un scandale visant Assad. Cet incident s’est passé une semaine après que les États-Unis aient déclaré que le renversement d’Assad n’était pas une priorité. Il y avait un changement évident d’approche. Après cet incident chimique, ils sont revenus à leur ancienne priorité. Il faut toujours chercher « à qui cela profite », a souligné l’interlocuteur de Sputnik.
Selon M. Poushkov, le Président américain et son gouvernement ne disposent pas d’une stratégie logique à l’égard du gouvernement de Bachar el-Assad.
« Je ne vois pas de stratégie cohérente de la nouvelle administration en Syrie: elle se dit contre les djihadistes, elle frappe le gouvernement Assad. Elle ne dit rien sur comment elle va procéder, quel est son ennemi principal. Je pense que Trump produit de l’impression […] aime les shows, les shows de force, pour influencer le cours des événements sans politique cohérente », a souligné le sénateur russe.
En parlant de l’attitude de l’administration américaine à l’égard de la Syrie, l’interlocuteur de Sputnik a tiré un parallèle avec les relations Corée du Nord-USA qui se sont détériorées ces derniers temps.
« Faire peur aux Nord-Coréens, ça ne sert pas à grand-chose. Les États-Unis ne proposent même pas de négociations. Si c’est la guerre, les États-Unis sont assez vulnérables, car ils ont des bases militaires en Corée du Sud qui peuvent être touchées par les fusées», a souligné le sénateur.
Pourtant, selon M. Pouchkov, la tension entre Moscou et Washington a diminué après la visite du secrétaire d’État américain Rex Tillerson à Moscou.
« Il [Rex Tillerson, ndlr] s’était prononcé avant la visite d’une manière plutôt brusque et agressive, quand il a presque accusé la Russie de tenir en partie la responsabilité pour l’incident chimique près de la ville d’Idlib. Mais une fois à Moscou, Monsieur Tillerson a choisi de changer de ton », a souligné le sénateur russe.
Et d’ajouter que cette visite était assez importante, car elle a démontré que les États-Unis ne voulaient pas entrer en conflit direct avec la Russie sur la Syrie.