Macron souhaite l’avis de Moscou pour son conseiller de Défense

Le général Dominique Trinquand, ancien chef de la mission française à l’ONU, donne les priorités de Macron en matière de Défense. Celui qui a contribué durant six mois à l’écriture du programme aborde ainsi nombre de sujets brûlants : la Russie, l’Europe et le terrorisme. Les généraux Dominique Trinquand et Jean-Vincent Brisset participaient jeudi 18 mai à l’émission Le Clash présentée par Rachel Marsden, afin de débattre des premiers pas du nouveau président de la République en matière de Défense. Nous avons ainsi appris en direct qu’il avait conseillé durant six mois le candidat Macron à ce sujet.

                                                                                                                       Le général Dominique Trinquand, soutien d’Emmanuel Macron

Rachel Marsden a alors abordé avec lui nombre de sujets, dont la défense européenne, les relations avec Moscou, ses priorités en matière d’opérations extérieures, le terrorisme et Barkhane, pour finir avec la possibilité d’une révision du plan Sentinelle.

Malgré les divergences affichées plusieurs fois durant la campagne avec la politique extérieure de la Russie, Emmanuel Macron s’est explicitement inscrit dans la tradition diplomatique du gaullo-mitterandisme.

Dominique Trinquand explique ce positionnement du nouveau président de la République et a salué la première conversation téléphonique entre les deux chefs d’État.« Le président Macron a très bien défini la position de la France: nous sommes entre Moscou et Washington, c’est une vieille tradition gaullienne que le président Mitterrand avait reprise également et donc nous sommes à équidistance, c’est-à-dire que Moscou, la Russie est un État européen pour partie et nous devons dialoguer. D’ailleurs, je souligne que le président Poutine a appelé aujourd’hui le président Macron et j’ai trouvé que c’est un beau geste de le faire parce que nous devons dialoguer, nous devons travailler ensemble, on a des intérêts, des problèmes à régler en commun. »

Pour appliquer cette ligne de conduite, Emmanuel Macron souhaite renforcer l’intégration de l’Union européenne et de l’OTAN. Le nouveau président de la République avait annoncé d’emblée la couleur, il est un ardent défenseur de la cause européenne et donc d’une Europe de la Défense: « un point très important pour le président Macron, c’est d’appartenir à l’OTAN et de développer l’Union européenne. » Le général Trinquand prévient toutefois: « il n’est pas question d’armée européenne, il est question de coordination européenne ».

La désignation de la nouvelle ministre des Armées en dit d’ailleurs beaucoup sur les orientations présidentielles. Dominique Trinquand confirme ce sentiment envers Sylvie Goulard, connue pour ses penchants europhiles:

« Tout le monde dit qu’elle ne connaît pas trop le milieu de la Défense, c’est vrai. Elle participe de l’effet à obtenir du président Macron qui est de transformer l’Europe, y compris dans le domaine de la Défense où elle trouve qu’elle ne va pas assez loin, qu’elle ne fait pas assez de choses et qu’il faut remuer un peu tout le monde. C’est probablement pour ça que Sylvie Goulard a été nommée à ce poste-là, elle a été un moment en balance pour peut-être devenir Premier ministre… » Emmanuel Macron va devoir ainsi trancher entre sa promesse de campagne de ramener à 2 % du PIB, le budget de la Défense et sa nouvelle ministre de la Défense, très soucieuse de la règle européenne des 3 % de déficit budgétaire.

Depuis son investiture, dimanche dernier, Emmanuel Macron a multiplié les gestes envers la Grande Muette. Au-delà d’une stratégie de communication, selon le général Trinquand, cela montre une réelle réflexion de la part du nouveau chef des Armées:« Il a marqué très nettement la position très régalienne qu’il souhaitait adopter par des petits signes, le fait d’aller dans un véhicule militaire, un Command-Car remonter les Champs-Élysées et non pas dans une voiture fermée, le changement du terme, ministre des Armées, il n’a pas peur des mots. »

Quid des opérations extérieures? Le général Trinquand rappelle le programme d’En Marche en expliquant que les troupes françaises doivent « rester au Moyen-Orient et on continue l’opération Barkhane » afin « d’éloigner ce danger des citoyens français. »
Emmanuel Macron appelle aussi à une réévaluation de l’intérêt réel des troupes françaises déployées sur le territoire national. L’opération Sentinelle est « dans la psychologie des Français, très salutaire, mais c’est quelque chose qui pèse considérablement sur les armées. Il y a donc une évaluation à faire. »

Enfin, la prise de conscience des réalités sur les moyens de l’armée: « on a des gros problèmes d’équipement, des problèmes d’entraînement et évidemment que les armées ne peuvent pas continuer sur ce pied-là. »

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