L’Europe se voit menacée à l’annonce des sanctions US contre le secteur énergétique russe

Le Sénat US a approuvé mercredi un projet de loi prévoyant de sanctionner les sociétés européennes qui réalisent des projets gaziers conjoints avec la Russie. Selon l’Allemagne et l’Autriche, les sanctions américaines visant le secteur énergétique russe nuisent aux relations entre l’Europe et les États-Unis

L’intention des États-Unis de punir les sociétés européennes pour leur participation au projet de gazoduc Nord Stream 2 ajoute du négatif dans les relations entre l’Europe et les États-Unis, ont déclaré jeudi le ministre allemand des Affaires étrangères Sigmar Gabriel et le chancelier autrichien Christian Kern.

« Les menaces américaines de condamner à des amendes les sociétés d’Allemagne, d’Autriche et d’autres pays européens sur le marché américain parce qu’elles participent à des projets gaziers conjoints avec la Russie et notamment au projet Nord Stream 2, ou qu’elles financent ces projets, ajoutent une valeur très négative aux relations entre l’Europe et les États-Unis », lit-on dans une déclaration diffusée mercredi par le ministère allemand des Affaires étrangères.

Le Sénat américain a approuvé mercredi un projet de loi permettant au Président de sanctionner les sociétés qui ont ponctuellement investi plus d’un million de dollars dans la construction par la Russie de pipelines d’exportation ou ont accordé à la Russie des équipements, des technologies ou des services permettant de réaliser ces travaux. Selon le texte, le montant annuel maximal de ces transactions ne doit pas dépasser cinq millions de dollars.Le projet de loi américain contient notamment un passage consacré au gazoduc Nord Stream 2. Les États-Unis y annoncent leur intention d’entraver la mise en œuvre du projet qu’ils considèrent comme présentant des risques « pour la sécurité énergétique de l’Europe, le développement du marché gazier en Europe centrale et de l’Est et les réformes énergétiques en Ukraine ».

Selon MM. Gabriel et Kern, « il s’agit de garantir la compétitivité de l’industrie énergivore européenne et de créer des milliers d’emplois ». Les deux hommes politiques ont ainsi appelé le département d’État américain à œuvrer pour la modification du projet de loi approuvé par le Sénat.

Le projet de gazoduc Nord Stream 2 prévoit la construction de deux conduites, d’une capacité totale de 55 milliards de mètres cubes, reliant la Russie à l’Allemagne sous la mer Baltique. Le chantier doit être terminé avant fin 2019. Le coût du projet est évalué à 9,9 milliards d’euros.

En avril 2017, les entreprises énergétiques Engie, OMV, Shell, Uniper et Wintershall ont conclu un accord avec le géant gazier russe Gazprom sur le financement du projet Nord Stream 2. Aux termes de l’accord, les partenaires européens investiront 50 % du coût total du projet de 9,5 milliards d’euros. Ainsi, la contribution de chacune des sociétés s’élève à 950 millions d’euros.

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