Le Parlement japonais a adopté le 15 juin une loi contre la préparation en bande organisée d’attentats ou d’autres actes criminels. De nombreux citoyens et experts ont fait part de leurs inquiétudes pour les libertés publiques nippones
Le gouvernement est passé outre les procédures législatives habituelles pour faire passer en force un texte au Sénat aux premières heures de la matinée. Ce projet de loi sur la prévention d’actes terroristes et criminels avait été enteriné trois semaines auparavant par la Chambre basse.
Tout au long de la nuit, l’opposition a tenté de retarder l’échéance en déposant une motion de défiance contre le gouvernement conservateur de Shinzo Abe et une motion de censure contre le ministre de la Justice, Katsutoshi Kaneda.
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L’exécutif justifie celle législation par des questions de sécurité à l’approche des jeux Olympiques de 2020 à Tokyo. Il y voit aussi un passage obligé pour la mise en œuvre de la Convention des Nations unies contre la criminalité transnationale organisée, signée en 2000 par le Japon.
Ce texte permettra la mise en examen d’une personne ou d’un groupe de personnes pour participation à la préparation ou la réalisation d’actions terroristes ou criminelles. Mais les organisations de défense des droits, l’ordre national des avocats et de nombreux universitaires estiment que son objectif peut être dévié afin d’autoriser des écoutes de citoyens innocents ou de restreindre des libertés garanties par la Constitution.
Des milliers de Japonais sont aussi descendus dans la rue, ces dernières semaines, pour dénoncer le projet de loi, révisé à plusieurs reprises au fil des années après avoir essuyé des rejets.
La dernière version, approuvée le 15 juin, réduit le nombre de crimes et délits visés à quelque 270. Plus de 600 délits non liés au terrorisme ou au crime organisé dans les précédentes versions avaient attiré la critique.
Certains médias japonais ont comparé ce texte avec la «loi de maintien de l’ordre public» en vigueur pendant la Seconde guerre mondiale, en vertu de laquelle des citoyens ordinaires étaient arrêtés pour des délits politiques, la revendication de droits sociaux ou leur opposition à la guerre.