«La stratégie des USA au Moyen-Orient: créer des tensions et en profiter économiquement»

Le politologue turc Ibrahim Varli a donné son point de vue concernant la situation autour du Qatar et a expliqué pourquoi la crise du Golfe était favorable à Washington. Selon lui, il ne s’agit ni plus ni moins que de la traditionnelle politique extérieure des États-Unis

Le politologue et rédacteur en chef du journal turc Birgün, Ibrahim Varli, estime que l’administration de Donald Trump suit la ligne traditionnelle de Washington au Moyen-Orient. Selon lui, la situation autour du Qatar ressemble beaucoup à celle de la péninsule coréenne, où Washington, après avoir créé des tensions, a conclu un contrat avantageux sur la livraison d’armes à la République de Corée:«Souvenez-vous, tant dans le cas de la Corée du Sud que dans le cas du Qatar, on (Washington, ndlr) a obtenu un contrat de plusieurs milliards sur la fourniture d’armes. La première visite à l’étranger de M. Trump a eu lieu en Arabie Saoudite et à peine avait-il quitté le pays que la crise autour du Qatar éclatait. Immédiatement après cela, les États-Unis, profitant d’un moment opportun sous forme de crise, ont réalisé des ventes d’armes importantes.»

«C’est la politique américaine classique: d’abord on provoque une montée des tensions, puis on lance le processus visant à tourner la crise à son avantage à l’aide des ventes d’armes et des relations diplomatiques», a expliqué à Ibrahim Varli.

En parlant de la situation en Syrie, et plus précisément à Raqqa, le spécialiste en politique a noté que la question principale était celle de la gestion de l’après-Raqqa.«Nous savons que les États-Unis et les forces démocratiques syriennes contrôlent ces territoires [de la ville de Raqqa, ndlr]. Ces dernières se composent principalement de forces kurdes. D’autre part, les tribus arabes locales de Raqqa sont aussi présentes. En outre, les Unités de mobilisation populaire irakiennes (Hachd al-Chaabi) tentent de se déplacer dans la direction de Raqqa après avoir traversé la frontière irakienne, mais on ne leur permet pas de le faire. Les États-Unis ne veulent pas de la présence de forces gouvernementales syriennes ou de forces chiites sur ce territoire», a-t-il résumé.

Selon M. Varli, l’option la plus logique pour les États-Unis, c’est de transférer la gestion de la ville aux forces locales. Cependant, ces mêmes forces ne seront pas en mesure de tenir la ville pendant une longue période de temps, étant donné que les groupes islamistes radicaux peuvent essayer de la reprendre. Par conséquent, il est probable que Washington transfère l’administration de Raqqa aux autorités locales et dirigent les actions de ces autorités en sous-main.

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