Berlin a rejeté jeudi une demande du Président turc de s’adresser à ses compatriotes en Allemagne, en marge du sommet du G20 la semaine prochaine, ce qui a suscité l’ire d’Ankara
«J’ai déjà dit depuis des semaines à mon collègue turc que nous ne considérions pas cela comme une bonne idée», a ajouté le social-démocrate, précisant qu’il s’agissait d’une position «concertée» au sein du gouvernement de coalition avec les conservateurs d’Angela Merkel.
Selon lui, le pays ne peut garantir la sécurité d’une telle intervention, alors qu’un dispositif massif sera déployé pour assurer la sécurité du sommet des 7 et 8 juillet à Hambourg, où plus de 100.000 anti-G20 sont attendus.
«J’ai aussi affirmé franchement qu’étant donné la situation conflictuelle avec la Turquie une telle intervention ne serait pas convenable (…)», a-t-il déclaré, ajoutant toutefois que le Président turc «serait reçu avec tous les honneurs» en tant qu’invité du sommet.
Le social-démocrate Martin Schulz, principal rival de la chancelière Merkel aux législatives du 24 septembre, s’est lui aussi dit opposé à la tenue d’un meeting de M.Erdogan.
«On ne doit pas autoriser des responsables politiques étrangers, qui chez eux foulent au pied nos valeurs, à obtenir une tribune pour leurs discours haineux en Allemagne. Je ne veux pas que M.Erdogan, qui en Turquie met en prison les opposants et les journalistes, organise de grandes manifestations en Allemagne», a déclaré M.Schulz au site du quotidien Bild.
La Turquie a vivement réagi aux déclarations allemandes, à l’image du porte-parole du Président Erdogan, Ibrahim Kalin, qui a dénoncé des «déclarations provocatrices et malintentionnées».«Nous espérons que les autorités allemandes […] ne choisiront pas de sacrifier les relations pluriséculaires entre la Turquie et l’Allemagne sur l’autel de calculs politiques de court terme», a ajouté M.Kalin dans un communiqué.
Peu avant, le ministère turc des Affaires étrangères avait jugé «regrettable que des responsables politiques allemands fassent des commentaires inacceptables motivés, semble-t-il, par des calculs politiciens».
Le ministère avait en particulier reproché à M.Schulz d’adopter une «approche restrictive en matière de liberté d’expression et de réunion».