Les 7 et 8 juillet prochains, le G20 se réunit à Hambourg et les médias bruissent de rumeurs, spéculations et prédictions sur la teneur des échanges entre les dirigeants des pays les plus puissants du monde. Prévisions des médias français et mondiaux sur ce sommet
Le sommet du G20 qui s’ouvrira le 7 juillet à Hambourg est l’un des évènements les plus attendus de la scène politique internationale et ce n’est un secret pour personne que la rencontre Poutine-Trump, tant anticipée par le monde politique et médiatique, à la faveur de nos confrères, qui spéculent à longueur de colonnes sur cet échange… au sommet.
«Entre Donald Trump et Vladimir Poutine, l’heure des comptes a sonné»: c’est sur cette note sinistre que la rencontre imminente est décrite par Le Monde. Lors de leur première réunion, les deux politiques pourront enfin se mesurer, écrit le journal, qui ajoute que le contexte actuel plutôt chargé, aggravé par les récents tirs nord-coréens, «contraignent le Président américain à chercher des alliés». Ni sa visite en Pologne, ni une réunion prévue avec Xi Jinping, n’aura une aussi grande importance pour M.Trump que la rencontre avec Vladimir Poutine.Le journal Libération s’attend de son côté à une réunion compliquée en raison de l’arrivée de Donald Trump et des manifestants qui promettent «l’enfer» autour du lieu de l’événement.
«Divergences sur la lutte contre le changement climatique, le libre-échange, première rencontre entre les présidents américain et russe dans un contexte pesant, tensions américano-chinoises, frictions Allemagne-Turquie, rarement les sujets de contentieux ont été aussi nombreux pour une réunion internationale de ce type», écrit le journal.
Outre les prévisions, bon nombre de médias se posent la même question: une discussion sur la prétendue ingérence des Russes dans les élections américaines a-t-elle eu lieu?La visite du Président chinois en Allemagne a également augmenté le nombre de spéculations sur fond du G20. Pour Le Figaro, les pandas de diplomatie offerts par la Chine à Berlin témoignent ainsi du rapprochement germano-chinois car «derrière les sourires et le symbole, il est bien question de politique».
«En mettant en scène un rapprochement entre Berlin et Pékin, Angela Merkel adresse aussi un message à Donald Trump, qu’elle doit rencontrer jeudi à Hambourg», insiste le journal, tout en précisant que «la chancelière se fait peu d’illusions sur les possibilités d’un consensus au G20».
En outre, les médias donnent une place particulière à la situation autour du retrait des États-Unis de l’accord sur le climat. Selon Libération, «l’enjeu du sommet du G20 de Hambourg sera, pour le climat, d’éviter tout nouveau recul en s’assurant que les autres grands pollueurs réaffirment clairement leur adhésion à ce pacte». Le Journal de Montréal a de son côté défini trois sources de tension susceptibles de réchauffer le sommet: climat, tensions bilatérales et manifestations.
En ce qui concerne les affaires financières, Les Échos écrivent que le sommet veut encourager les investissements privés en Afrique: «L’Allemagne a fait de ce partenariat avec l’Afrique (appelé « Compact with Africa ») une priorité de sa présidence du G20 en 2017».
En fait, l’horizon de spéculations sur le G20 est encore plus large dans la presse à travers le globe. La chaîne CNN a vraiment pris cette rencontre en ligne de mire. Alors qu’elle n’a même pas encore eu lieu, elle divise déjà les analystes de la chaîne: certains s’attendent à ce qu’elle «détermine le futur ordre mondial» tandis que d’autres déclarent: «N’attendez pas beaucoup de la rencontre Poutine-Trump». Le journal polonais Zreczpospolita partage ce dernier point de vue: selon lui, bien qu’il ait promis de «conclure un gros accord avec le Kremlin», les paroles de Trump ne seraient qu’un mythe, car les «mains du Président américain sont liées».De quoi les dirigeants peuvent-ils discuter en marge du G20? Voici les prévisions faites par les analystes de CNN, Aaron David Miller et Richard Sokolsky:
«L’attention du monde est centrée sur le problème insoluble de la Corée du Nord, mais les Russes ont très peu à offrir là-bas. Il existe plus de raisons d’être optimiste au Moyen-Orient, où, au moins sur papier, Washington et Moscou ont des convergences d’intérêts dans la lutte contre Daech. (…) L’aspiration de Trump à enrôler Poutine dans la coalition pour vaincre Daech est bien connue. Poutine ne demanderait pas mieux que d’échanger cette participation contre la levée des sanctions contre la Crimée et l’Ukraine», affirment-ils.
En marge de leurs éventuels sujets de conversation, qui diffèrent d’un média à l’autre (Ukraine, sanctions, Daech et Corée du Nord), plusieurs journaux évoquent l’ambiance éventuelle lors du sommet. Newsweek en est sûr: la poignée de main entre les dirigeants américain et russe démontrera «un niveau olympique de fanfaronnade de machos»!
Toutefois, la chaîne Fox News a averti le Président américain: il devrait faire preuve de vigilance, car s’il «se comporte trop amicalement avec Poutine, les journalistes se jetteront sur lui comme un requin sur l’hameçon».Al Jazeera a de son côté appelé les pays du G20 à se concentrer sur l’amélioration de la société civile, parce qu’avec une telle liste de problèmes essentiels, «il faudra plus de 20 personnalités pour les résoudre».
Le journal Die Welt affirme toutefois qu’à la veille du sommet, les politiques allemands traitent le Président américain comme un «pestiféré» et essaient de prendre les distances avec lui. La semaine dernière, dans le cadre de la réunion européenne, Angela Merkel a souligné à plusieurs reprises ses «différences» avec les États-Unis.
«L’Allemagne, avec sa chancelière doucement rebelle, sa politique des réfugiés et un énorme excédent d’exportations vers les États-Unis est actuellement menacée de tomber dans le groupe des « partenaires hostiles »», déclare le journal, ajoutant que dans une telle situation, les politiques ne veulent pas alimenter encore plus le conflit du côté allemand.
L’alliance russo-chinoise a elle aussi fait couler beaucoup d’encre. La visite de Xi Jinping à Moscou ne s’est pas déroulée tout à fait «par hasard» à la veille du G20, a estimé l’expert du centre d’analyse Verisk Maplecroft sur les ondes de la BBC. La Russie et la Chine ont clairement fait savoir au reste du monde qu’ils sont maintenant des partenaires-clés et qu’ils ont l’intention de tenir un front uni lors du G20, a-t-il déclaré.Quant aux relations russo-allemandes, USA Today a décidé d’aller plus loin dans ses prévisions pour le G20. Le journal titre: «Vladimir Poutine va-t-il essayer d’effrayer Angela Merkel lors de leur rencontre (à Hambourg)?» À l’appui de cette question polémique, il affirme que le Président russe aurait amené son chien Connie pour une réunion avec la chancelière allemande spécialement pour l’effrayer. Pour le journal, cette réunion souligne une relation politique tendue qui sera à nouveau testée au sommet à Hambourg.