L’Iran a protéger Erdogan contre un coup d’Etat

Un an après la tentative de coup d’État, la Turquie exprime sa reconnaissance à l’Iran pour son soutien. Pourquoi alors le pays, qui avait à cette époque-là des relations tendues avec Ankara sur un nombre de questions, dont notamment la crise syrienne, a-t-il agi de manière si imprévisible?

La Turquie commémore samedi la tentative de coup d’État du 15 juillet 2016 contre le président Recep Tayyip Erdogan. La veille de cette date historique, l’ambassadeur turc à Téhéran Reza Hakan Takin a déclaré que «la Turquie était profondément reconnaissante à l’Iran pour le soutien accordé dans la nuit de la tentative de coup d’État». Selon Farzad Ramazani Bonesh, expert indépendant iranien sur le Proche-Orient, si l’Iran n’avait pas accordé son soutien, la crise intérieure turque aurait mis en danger toute la région, y compris l’Iran, c’est pourquoi Téhéran avait pris les devants.

«Sur la question de la sécurité, l’Iran a visualisé à l’avance les risques et les conséquences graves pour la région qui auraient pu se produire si le coup d’État avait eu lieu en Turquie l’année d’avant. Mais malgré d’importants différends dans la politique étrangère avec la Turquie, l’Iran est devenu l’un des premiers pays qui ont exprimé leur soutien au gouvernement élu et au Président Erdogan et ses partisans, faisant ainsi un grand pas dans l’avenir. Bien entendu, les Turcs l’ont apprécié, s’en souviennent et expriment leur gratitude», a indiqué l’expert à Sputnik.

Farzad Ramazani Bonesh ajoute également que le soutien accordé par l’Iran à la Turquie a rapproché les deux pays sur un nombre de questions régionales:

«Nous voyons que là où l’Iran et de la Turquie avaient les positions polarisées, aujourd’hui ils agissent presque côte à côte. Par exemple, sur la crise qatarie».Selon l’expert, le soutien accordé aux partisans du Président Erdogan a incité la Turquie à revoir certaines de ses positions:

«Erdogan a compris que de nombreux pays (en particulier des pays arabes) auraient soutenu ce coup d’État et qu’ils n’utilisaient la Turquie que pour leurs intérêts personnels, tandis que les pays avec lesquels le dirigeant turc était en confrontation, comme l’Iran et la Russie, à sa grande surprise ont condamné la tentative de coup d’État et lui ont accordé leur soutien.»

«Au bout du compte, cela aura contribué à établir la coopération dans la région entre Téhéran et Ankara, ainsi qu’avec la Russie, afin de combattre le terrorisme international en Syrie et en Irak. Et nous avons vu l’un des résultats positifs de tout cela dans le processus d’Astana. L’agression que la Turquie manifestait auparavant avait disparu», a conclu Farzad Ramazani Bonesh.

Dans la nuit du 15 au 16 juillet 2016, un groupe d’individus a tenté un coup d’État militaire en Turquie. Les principaux troubles ont eu lieu à Ankara et à Istanbul. Les autorités turques ont accusé le prédicateur Fethullah Gülen d’avoir organisé le putsch manqué et ont demandé aux États-Unis de l’extrader. L’imam lui-même a désapprouvé le putsch et a déclaré qu’il n’y était pas lié.

Depuis la tentative de coup d’Etat, plus de 46.000 personnes ont été arrêtées et plus de 100.000 limogées ou suspendues.

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