La France première du classement « The Soft Power 30 »

La France est désormais la nation la plus influente du monde en se hissant de la 5e à la 1ère place du classement The Soft Power 30, selon une étude menée par l’USC Center on Public Diplomacy et le cabinet de conseil Portland, elle détrône ainsi les États-Unis. Une véritable bonne nouvelle?

D’après l’étude The Soft Power 30, menée par l’USC Center on Public Diplomacy et le cabinet de conseil Portland, qui liste les pays les plus influents, la France réalise une ascension fulgurante en passant de la 5e à la 1ère place, détrônant ainsi les États-Unis de la tête du classement. On pourrait se féliciter de ce classement en y voyant le retour de la France au premier plan ou encore l’efficacité de la stratégie diplomatique du gouvernement. Cependant, la notion de soft power utilisée par cette étude semble éluder les véritables objectifs de cette stratégie, comme nous le précise Christian Harbulot, directeur de l’École de Guerre économique:«Je crois qu’il y a effectivement un abus de langage dans le sens où ce que l’on appelle soft power, c’est une vision très édulcorée des choses […]. Le soft power, aujourd’hui, est une politique d’affichage avec des instruments de mesures limités. Cela n’englobe absolument pas les véritables stratégies d’influence qui consiste à occuper le terrain pour obtenir des marchés de manière durable, créer des dépendances par rapport à des parties prenantes étrangères et de gagner de l’argent grâce à ces dépendances.»

Pourtant, le gouvernement semble être ravi de cette première place, en témoigne le tweet de Jean-Yves Le Drian

Mais concrètement, cette première place peut-elle changer quelque chose pour la France? Christian Harbulot est catégorique.

«Aujourd’hui, en France, on se gargarise de formule. On est très contents de dire que la France est numéro un en termes de soft power. C’est ce que j’appelle la politique du paraître, cette politique ne met pas d’argent dans la poche des Français, elle crée très peu d’emploi, elle ne reconstitue pas notre tissu industriel, elle ne redéploie pas nos forces sur des enjeux nouveaux, en l’occurrence, dans l’univers de l’économie numérique. Bref, on est malheureusement dans ce que j’appelle le néant.»

Et d’ajouter,

«Pour moi, ce sont des effets d’annonce. Concrètement parlant, si on commence à mesurer les bénéfices, que l’on dise la France est première en matière de soft power, ça lui rapporte quoi? En quoi cela amène quelque chose en plus dans la vie de ces citoyens?»

Par conséquent, la première place de ce classement n’est pas forcément synonyme d’influence, voire de puissance. En effet, les objectifs du soft power doivent être le moins visible possible et surtout doivent amener des résultats.

«Trouvez-moi une administration en France qui soit pilotée par le Président de la République, qui se présente comme un stratège de la pensée complexe, pour dire dans 10 ans, voilà ce que cela va rapporter à la France. Comment cela va enrichir ce pays? Comment nous n’allons pas être détectés? Parce qu’il ne faut pas être classé dans ces cas-là, il faut que l’on soit totalement invisible.»

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