Les autorités turques ont considéré l’Allemagne comme le «principal» pays-refuge pour les terroristes que recherche Ankara. Face aux tentatives de dissuader les touristes allemands de se rendre en Turquie, le porte-parole du Président turc Ibrahim Kalin a fustigé «une grande irresponsabilité politique» du gouvernement allemand
L’Allemagne est devenue le principal pays-refuge pour les terroristes recherchés par Ankara, a déclaré jeudi le ministre turc des Affaires étrangères Mevlut Cavusoglu.
«Nos alliés permettent d’agir sur leur territoire à ceux qui entreprennent des tentatives de détruire notre État. Notre Président Tayyip Erdogan a personnellement fourni à Merkel 4.000 dossiers et a reçu une réponse indiquant que « nous avons un pouvoir judiciaire indépendant ». L’Allemagne est devenue le principal pays où fuient les terroristes du FETÖ [l’organisation du prédicateur musulman Fethullah Gülen, ndlr] et du PKK [Parti des travailleurs du Kurdistan, ndlr]», a affirmé M.Cavusoglu intervenant sur la chaîne turque NTV.
Selon lui, l’exigence de l’Allemagne de relâcher ses ressortissants arrêtés en Turquie accusés de terrorisme est «loin de la diplomatie»: alors que les procès judiciaires en Allemagne durent autant qu’on le croit nécessaire, on exige de la Turquie de «libérer les suspects tandis que la procédure a à peine commencé.
C’est du deux poids deux mesures», a fustigé le chef de la diplomatie turque.
«Nous croyons qu’il est incorrect de punir les touristes en les dissuadant de se rendre en Turquie. Cela ne va pas à un État sérieux comme l’Allemagne. La Turquie ne va jamais capituler devant les menaces et le chantage, et l’Allemagne le sait bien», a-t-il poursuivi.Pour le porte-parole du Président turc, Ibrahim Kalin, de tels avertissements aux touristes sont d’«une grande irresponsabilité politique».
Mardi, un tribunal turc a décidé d’arrêter le directeur de la filiale turque de l’organisation Amnesty International, Idil Eser, et cinq autres militants des droits de l’homme, dont le citoyen allemand Peter Steudtner. Ankara s’est dit solidaire avec ce dernier et a réclamé qu’il soit immédiatement remis en liberté.
Le ministre allemand des Affaires étrangères, Sigmar Gabriel, a annoncé pour sa part que l’Allemagne allait revoir sa politique économique à l’encontre de la Turquie à la suite de l’arrestation. En outre, le ministère a durci ses recommandations aux citoyens envisageant de passer leurs vacances en Turquie.