Alors que l’Iran est régulièrement accusé d’ingérence dans les affaires intérieures de ses voisins en livrant soi-disant secrètement des armes aux djihadistes, les spécialistes iraniens rejettent ces accusations et avouent quelles sont les véritables intérêts de Téhéran au Yémen
«Pour Téhéran, la crise yéménite c’est un conflit régional. Le projet iranien à l’encontre du Yémen tente d’avancer dans quatre domaines: la fin des attaques, un accord visant à instaurer un régime de cessez-le-feu, un soutien à la formation d’un gouvernement national et l’envoi de médicaments au peuple yéménite. L’Iran cherche à établir la stabilité au Yémen et souhaite que l’Arabie saoudite arrête ses attaques car elles déstabilisent la situation non seulement au Yémen, mais dans toute la région», a-t-il expliqué.
Pour sa part, toutes les déclarations selon lesquelles l’Iran accorde un soutien militaire au Yémen sont «infondées».
«Les routes du Yémen sont fermées à l’Iran. Vous comprendrez tout lorsque vous regarderez la carte géographique. D’un côté, on a affaire à Al-Qaïda, et de l’autre, à la marine saoudienne et de ses alliés. Donc, les allégations disant que l’Iran livre des armes au Yémen par voie maritime ou terrestre ne correspondent pas à la réalité», a-t-il conclu.
Ce même avis est partagé par son collègue, politologue iranien, professeur de l’Université de Téhéran, ex-directeur du bureau arabe de la chaine fédérale de la radio iranienne à Beyrouth, Hussein Royvaran.
«L’Iran n’a jamais envoyé et n’envoie toujours pas d’armes au Yémen. Les autorités officielles iraniennes ont répété à maintes reprises qu’elles ne s’immisceront pas dans les affaires intérieures de ce pays arabe. Ce serait stupide de juger tout navire avec des drapeaux iraniens comme étant chargé d’armes destinées aux houthis yéménites», a-t-il fustigé.
Par ailleurs, l’ex-ambassadeur iranien en Arabie saoudite, conseiller supérieur du ministre iranien de la Culture, Hassan Aminian, a également démenti ces allégations en affirmant que l’Iran ne poursuivait aucun objectif politique au Yémen et ne favorise que l’envoie des convois humanitaires, composés de médicaments et de produits d’alimentation.
«Le Yémen a assez d’armes, il en avait acheté auparavant… donc il n’a aucun besoin d’en recevoir de la part de l’Iran», a-t-il constaté.
Depuis 2014, le Yémen est en proie à un conflit armé opposant les rebelles houthis et les militaires loyaux à l’ancien Président Ali Abdallah Saleh, aux forces gouvernementales et aux milices populaires soutenant le Président en exercice Abd Rabbo Mansour Hadi. Les rebelles contrôlent les territoires dans le nord du pays et la capitale Sanaa où ils ont créé leurs organes du pouvoir. La coalition arabe effectue depuis mars 2015 des raids sur les zones contrôlées par les rebelles houthis. Le conflit au Yémen a fait plus de 6.600 morts, dont environ la moitié de civils, selon les Nations unies.