La presse allemande se lève contre le cynisme américain

Nuisibles à l’amitié USA-Europe, servant les intérêts cyniques américains: un sentiment peu optimiste règne dans les médias allemands en ce qui concerne les nouvelles mesures restrictives imposées à la Russie, puisque plusieurs projets conjoints importants russo-allemands sont mis en péril

Paraît-il qu’après les autorités allemandes, la presse n’accepte pas non plus les nouvelles sanctions à l’encontre de la Russie. À en juger par les récentes publications, l’adoption par le Sénat américain de la proposition de loi portant sur de nouvelles sanctions antirusses n’est dictée que par les intérêts économiques cyniques des États-Unis.Selon le Frankfurter Allgemeine Zeitung (FAZ), la proposition de loi vise à frapper le gazoduc Nord Stream 2, critiqué à maintes reprises par Washington car il augmentait la dépendance de l’Europe envers la Russie en matière énergétique. De plus, les États-Unis souhaitent eux aussi devenir exportateurs d’énergies, y compris de gaz liquéfié.

«Les discussions doivent se tenir en Europe. Les États-Unis n’ont pas de pouvoirs lorsqu’il s’agit du développement de la sécurité économique européenne. Ils faut qu’ils s’occupent de leurs propres affaires», fustige le FAZ.

Les nouvelles mesures se sont heurtées à un grand scepticisme de la part de l’Union européenne, lit-on dans le Süddeutsche Zeitung. En cela, les mesures essuient un tas de critiques non seulement parce qu’elles peuvent nuire aux intérêts économiques des pays du Vieux Continent, mais aussi car Washington envisage cette fois d’imposer des sanctions tout seul, sans consultations avec l’UE.

«Le Président US peut introduire des sanctions contre les gazoducs russes d’exportation dans l’avenir, mais il doit le faire en coordination avec ses alliés», écrit le journal se référant à une source au sein du ministère allemand des Affaires étrangères.

En même temps, les mesures américaines peuvent avoir un impact négatif sur l’approvisionnement en énergie de l’Europe, met en garde le Handelsblatt:«Le texte de la proposition de loi affirme littéralement que le projet Nord Stream 2 n’est pas acceptable, et en effet tout projet conjoint russo-européen en matière d’énergie peut être sanctionné, y compris des travaux de réparation sur les gazoducs dont dépend l’approvisionnement en énergie de l’Europe», indique le journal citant le fonctionnaire allemand chargé de la coopération avec la Russie Gernot Erler.

De même, l’Europe soupçonne les États-Unis de vouloir profiter économiquement des sanctions antirusses, puisque la concurrence dans le secteur énergétique est très élevée, souligne à son tour Die Welt. Il y en a même certains sur le sol américain qui pointent que le plan de sanctions produit d’abord l’impression que les législateurs veulent lier les mains au Président Trump dans sa politique avec la Russie. Pourtant, ils veulent en réalité promouvoir les intérêts de l’industrie du pétrole et du gaz, au détriment des entreprises européennes.

Le Sénat américain a approuvé jeudi la proposition de loi portant sur de nouvelles sanctions contre la Russie, l’Iran et la Corée du Nord. Le document a été soutenu par 98 voix contre deux. Le texte sera ensuite envoyé au Président Donald Trump, qui pourrait toutefois y opposer son véto.En réponse à l’adoption par le Congrès américain de nouvelles sanctions antirusses, Moscou va interdire à l’ambassade américaine l’accès à ses deux sites situés à Moscou. En outre, Moscou a demandé à Washington de réduire, à partir du 1er septembre, à 455 le personnel de son ambassade et de ses consulats en Russie. Le ministère a également prévenu que Moscou répliquerait en cas de nouvelles expulsions de diplomates russes par les États-Unis. La riposte du ministère des Affaires étrangères aux sanctions a obtenu le feu vert du Président russe, a confirmé le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov.

Lien