Tandis que le vote des nouvelles mesures antirusses défraie la chronique tant à Washington qu’en Europe, le politologue autrichien Gerhard Mangott a affirmé que l’adoption des sanctions par Donald Trump pourrait avoir un impact négatif sur son image politique et sur les relations entre les États-Unis et l’Europe
Les nouvelles sanctions seront certainement approuvées par le Président américain, vu que les Démocrates et les Républicains le croient nécessaire, a expliqué Gerhard Mangott, politologue autrichien:
«Le Président Trump peut y opposer son veto, mais il ne va pas le faire, car il devra faire face aux deux Chambres du Congrès unies. Dans ce cas, Trump essuierait non seulement une défaite politique, mais aussi personnelle.»
En matière de politique intérieure, le locataire de la Maison-Blanche subit une grande pression, surtout dans le contexte actuel de l’enquête sur les liens présumés de sa famille avec la Russie, a poursuivi M.Mangott.«Le nouveau projet de loi impose de grandes restrictions au Président concernant la possible levée des sanctions, laquelle pourrait avoir lieu si l’on progressait dans la résolution de la crise ukrainienne. Le Congrès souhaite l’éviter [la levée des sanctions, ndlr] à tout prix et quoi qu’il se passe: le projet de loi a rendu le dirigeant dépendant de la volonté du Congrès dont les membres sont majoritairement favorables à l’introduction de nouvelles mesures.»
Quant aux tensions qui s’exacerbent entre Washington et Bruxelles, c’est la première fois depuis le début de la crise ukrainienne que les sanctions n’ont pas été coordonnées par les deux parties, souligne l’expert. Les États-Unis restent fidèles à leur initiative alors que les Européens ne sont pas intéressés par un durcissement des sanctions, surtout parce que la nouvelle loi pourrait être appliquée extraterritorialement, ce qui veut dire que «des entreprises européennes coopérant avec des sociétés russes peuvent être également affectées».
«Si les sanctions sont appliquées extraterritorialement, cela signifiera définitivement une détérioration des relations déjà tendues entre les pays de l’Europe et les États-Unis. Cela sera un autre point de discorde, comme ceux des accords commerciaux et de la protection du climat», a résumé M.Mangott.
Le Sénat américain a approuvé jeudi la proposition de loi portant sur de nouvelles sanctions contre la Russie, l’Iran et la Corée du Nord. Le document a été soutenu par 98 voix contre deux. Le texte sera ensuite envoyé au Président Donald Trump, qui pourrait toutefois y opposer son véto.En réponse à l’adoption par le Congrès américain de nouvelles sanctions antirusses, Moscou va interdire à l’ambassade américaine l’accès à deux sites dont elle a la jouissance à Moscou. En outre, Moscou a demandé à Washington de réduire, à partir du 1er septembre, à 455 le nombre des membres du personnel de son ambassade et de ses consulats en Russie. Le ministère a également prévenu que Moscou répliquerait en cas de nouvelles expulsions de diplomates russes par les États-Unis. La riposte du ministère des Affaires étrangères aux sanctions a obtenu le feu vert du Président russe, a confirmé le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov.