Bras de fer diplomatique russo-américain et tensions dans la péninsule de Corée

Bras de fer diplomatique russo-américain et tensions dans la péninsule de Corée : autant de sujets abordés par le vice-ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Riabkov, dans une interview à la chaîne américaine ABC

«Dénucléariser la péninsule coréenne», voilà la stratégie de Moscou annoncée par le vice-ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Riabkov. L’objectif ? Atténuer les tensions qui ne cessent d’augmenter dans cette région. Dans une interview diffusée par la chaîne américaine ABC le 30 juillet lors de l’émission This Week, le vice-ministre a déclaré que la Russie était prête à travailler avec l’administration Trump pour «trouver une solution pacifique à ce problème».

«Nous sommes en train de discuter d’un projet de résolution pour le Conseil de sécurité de l’ONU qui révélera de nouvelles mesures [contre la Corée du Nord], et nous y sommes prêts, mais ce texte ne doit pas mettre sur le même pied les mesures visant la cessation d’activités illégales de Pyongyang dans le domaine des armes nucléaires, le développement des missiles et celles [les mesures] qui visent à étouffer l’économie de ce pays», a souligné le diplomate.

D’autant plus que, d’après Sergueï Riabkov, la Corée du Nord n’est simplement pas capable pour l’instant d’effectuer une frappe nucléaire. «Je crois que nous avons des années et des années devant nous avant qu’ils créent une vraie arme nucléaire», a estimé le vice-ministre. «Ce qu’ils utilisent maintenant lors de leurs essais sont des appareils assez primitifs qui nécessitent des mois de préparation. En réalité, ce ne sont que des fragments de systèmes, avec des fils et des éléments supplémentaires, qu’il est tout simplement impossible d’installer sur une fusée», a-t-il ajouté.

La Corée du Nord a annoncé le 28 juillet qu’elle avait mené avec succès un test de missile balistique intercontinental (ICBM). Il s’agirait du second en moins d’un mois. Le leader nord-coréen Kim Jong-un a affirmé que son pays avait désormais la capacité de frapper «tout le territoire américain». Le 30 juillet, à partir d’un avion-cargo C17 survolant le Pacifique, les Etats-Unis ont lancé un missile qui a été intercepté par le bouclier antimissile américain THAAD (Terminal High Altitude Area Defense) déployé en Alaska, dans le cadre d’un test, a précisé l’agence américaine en charge de la lutte anti-missiles (MDA).

De son côté, la Corée du Sud a annoncé, après le tir nord-coréen, qu’elle allait accélérer le déploiement du THAAD sur son territoire, s’attirant une sévère mise en garde de Pyongyang, ainsi que de Pékin, qui y est farouchement opposé.

Les tensions autour de la péninsule coréenne ont été attisées ces derniers mois après une série d’essais nucléaires par Pyongyang. Les Etats-Unis ont envoyé une flottille dirigée par le porte-avions à propulsion nucléaire USS Carl Vinson dans la région, annonçant ne pas exclure l’option militaire dans la gestion de cette crise. La Russie a plusieurs fois appelé tous les pays de la région, ainsi que Washington, à faire preuve de retenue face au risque d’un éventuel conflit nucléaire.

Moscou espère que «le cercle vicieux du châtiment» sera rompu

Le bras de fer diplomatique entre Washington et la Russie était également au centre de l’interview de Sergueï Riabkov sur ABC. Les mesures de représailles contre la diplomatie américaine annoncées le 28 juillet par Moscou, en réaction à des mesures similaires de Washington contre des diplomates russes fin 2016, étaient «trop, bien trop tardives», a souligné le diplomate russe.

Il a expliqué que la Russie avait en réalité attendu sept mois pour répondre aux agissements des Etats-Unis, qu’elle considérait comme une initiative d’administration Obama, espérant notamment que l’administration du président Trump rectifierait la situation. Mais n’est jamais arrivé et «la goutte d’eau qui a fait déborder le vase» était, selon Sergueï Riabkov, le vote du Sénat américain du 27 juillet approuvant les nouvelles sanctions contre la Russie, l’Iran et la Corée du Nord.

Moscou estime que ces nouvelles sanctions visent surtout à favoriser le leadership économique des Etats-Unis, «à travers des outils politiques», mais continue d’appeler ses partenaires américains à laisser de côté les différends afin de renouer avec une coopération constructive. «J’espère que le cercle vicieux du châtiment sera rompu, les mesures et les contre-mesures doivent désormais arrêter», a déclaré le diplomate russe à ABC, estimant qu’après les sanctions russes contre la diplomatie américaine, les deux pays sont maintenant «au même niveau». «Mais si les Etats-Unis décident d’aller plus loin, nous serons forcés de répondre de manière symétrique», a-t-il souligné.

Le 28 juillet, le ministère russe des Affaires étrangères a annoncé la réduction du personnel diplomatique américain dans le pays et la suspension de l’utilisation par l’ambassade américaine de plusieurs résidences diplomatiques.

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