Au cours de la semaine écoulée, le front du Donbass, malgré les accords de Minsk, malgré « la trêve du pain » a connu un réveil sensible des activités offensives ukrainiennes qui ont repris leurs bombardements meurtriers mais aussi leurs reconnaissances offensives et leurs attentats à l’arrière du front.
Selon les services de renseignement et les observateurs les forces ukrainiennes pour la seule République de Donetsk ont violé 407 fois violé le cessez le feu dans le Donbass, tirant environ 750 obus (obusiers et mortiers). 30 villages et districts ont été touchés par l’artillerie ukrainienne, principalement à Donetsk, Dokoutchaïevsk et Yasinovataya. Dans le Donbass ce sont 3 soldats qui ont été tués et plusieurs autres blessés ainsi que 11 civils blessés.
Parallèlement à cette nouvelle escalade, les services de renseignement des Républiques populaires observent également que les forces ukrainiennes continuent de déployer une force d’assaut sur la ligne de contact approchant au plus près des défenses du Donbass leur artillerie lourde, leurs blindés et leurs infanterie d’assaut Selon le Commandant en second de l’Etat Major opérationnel de la RPD, Eduard Basurin, ces faits indiquent que le Commandement ukrainien se prépare pour une offensive à grande échelle dans le Donbass.
Derrière les cris d’orfraie dénonçant une invasion russe
la réalité d’un dispositif d’assaut contre le Donbass
Un individu, une organisation ou un Etat ne se jugent sur des paroles mais sur des faits, et lorsqu’on observe le déploiement opérationnel de l’armée ukrainienne dans le Donbass, force est de constater qu’il est en totale contradiction avec la logorrhée de la propagande kiévienne qui prétend résister héroïquement à une invasion russe.
Le déploiement ukrainien du Donbass est un dispositif d’assaut
Cette cartographie du déploiement militaire de Kiev dans le Donbass, réalisée à partir d’informations ukrainiennes, nous montre une armée forte d’environ 90 000 hommes (sur les 250 000 officiels du pays) articulée autour de 3 corps d’armée autonomes de même importance (17-18000 hommes) auxquels il faut rajouter un corps de réserve à l’effectif identique. Au total près de 500 chars de combat, 2000 véhicules blindés d’infanterie appuyés par un parc d’artillerie d’environ 1500 bouches à feu, soit un rapport de force numérique de 3.5 contre 1 environ en faveur de Kiev, mais que les Républiques compensent grâce à leur position défensive et leur moral élevé.
Lorsqu’on observe l’articulation de ces forces de l’ “ATO” sur les 350 kilomètres de ligne de front du Donbass, nous sommes bien en présence d’un déploiement typique organisé pour une offensive, où la majorité des unités d’assaut (ici des brigades d’infanterie aux dotations “interarmes”) sont massées sur la première ligne de front, avec en retrait 1 seule brigade d’infanterie de réserve et 1 brigade d’artillerie de renfort (dont certaines unités sont déjà dispersées comme soutien en première ligne). Concernant les 2 brigades blindées (la 1ère et la 17ème) qui sont en retrait, leur positionnement “neutre” aux charnières Nord et Sud du secteur de “Donetsk” permet leur engagement rapide n’importe où sur le front, sans dévoiler prématurément l’axe principal de l’offensive.
Il n’y a donc pas, dans le déploiement ukrainien sur le terrain, d’articulation prévue pour absorber dans la profondeur une “offensive russe” sans cesse annoncée (et forcément massive et brutale) et de contre attaquer avec des forces blindées majeures disposées dans le fond de tiroirs défensifs balisés par les places fortes d’appuis.
Un arc blindé tendu qui menace le Donbass mais aussi fatigue Kiev
Si on reprend l’image d’un arc tendu, il peut certes tirer brutalement et rapidement à tout moment mais également il ne peut être maintenu dans cette tension indéfiniment. C’est également la cas de cette force ukrainienne piégée dans ses propres tranchées et bases d’assaut autour du Donbass.
Il faut remonter 1 siècle en arrière pour retrouver une tel conflit enlisé dans une guerre de position, enterrée dans de tels réseaux de tranchées profondes et interminables. sauf que le coût n’est pas le même en 2017 qu’en 1917. Certes si les pertes humaines ne sont pas comparables (heureusement) avec la boucherie de la 1ère guerre mondiale, l’usure économique et morale est énorme et à moyen terme insupportable pour une Ukraine engagée depuis le Maïdan dans une faillite économique abyssale.
Le problème est que Kiev, qui a poussé le combat dans les cordes de Minsk, pour retrouver son deuxième souffle après les chaudrons de 2014 et 2015 (Frontière Sud, Iliovaisk, Debalsevo notamment) voit son armée piégée dans ses propres tranchées d’où elle ne pouvait jusqu’à cette année, ni reculer sans concéder aussitôt les territoires libérés aux républiques séparatistes, ni avancer sans se fourvoyer faute de moyens et d’entrainement dans de nouveaux chaudrons où labyrinthes urbains meurtriers. Depuis environ 1 an, les forces ukrainiennes malgré des effectifs croissants et une sensible modernisation des équipements et entraînements, sont de plus en plus fragiles notamment sur le plan moral comme le révèlent les désertions, suicides, alcoolismes, accidents qui augmentent chaque jour le chiffre inquiétant des « pertes hors combat » d’une armée qui est lassée de cette guerre civile et interminable.
Du coup à l’impossibilité politique de reculer, la difficulté militaire d’avancer se rajoute maintenant le suicide moral et politique (et physique) de rester sur place ! Voilà pourquoi le risque d’une « fuite en avant » n’a jamais été aussi grand, surtout dans le contexte du refroidissement international des relations USA-Russie dont les pôles exécutifs qui restent aux commandes des belligérants engagés seront tenté de jouer la carte Donbass comme un Joker.
Depuis 3 ans sur ce front immobile, ressemblant à une guerre des tranchées version « Désert des tartares », les sentinelles attendent jour et nuit le matin du grand soir où apparaîtront à l’horizon des steppes les nuages de poussière de la grande offensive. Pour beaucoup cette offensive est inévitable, c’est juste une question de semaines ou de mois.
En attendant, chaque jour les ukrainiens rapprochent leurs chars du Donbass, chaque soir leurs reconnaissances viennent tester même au prix de lourdes pertes notre système défensif, et chaque nuit des tirs de plus en plus réguliers s’abattent sur les défenses républicaines et les quartiers résidentiels proches.
Porochenko, poussé par Avakov, Turtchinov, Paruiby et les soudards nationalistes qui le menacent tous les quatre matins d’un coup d’Etat s’il n’attaque pas le Donbass, n’aura bientôt plus rien à perdre. L’échec des accords de Minsk, les tensions militaires sur le front du Donbass mais aussi les tensions diplomatiques internationales peuvent l’inciter à jouer la carte de la guerre totale, en espérant retrouver rapidement l’OTAN à ses côtés.
Comme tous les monstres marins qui font les plus grosses vagues quand ils se noient, c’est maintenant que le danger d’un « quitte ou double » ukrainien devient critique pour le Donbass, mais aussi pour la région et même l’Europe entière ficelée dans un jeu d’alliances soumises au pouvoir profond des néo-conservateurs qui voudraient terminer dans le Donbass ce qu’ils ont commencer sur le Maïdan.
Source de l’article : Soutien à la Rébellion du Donbass
Erwan Castel pour News Front