Régulièrement le Président Porochenko, éclaboussé par des scandales, des affaires de corruption, critiqué pour sa gestion politique et la conduite de la guerre dans le Donbass, est invité à quitter le pouvoir ukrainien. Tantôt ce sont les nationalistes radicaux qui menacent de le renverser par un coup d’Etat, tantôt ce sont des figures de l’opposition comme par exemple Timochenko qui réclame par le biais de législatives anticipées sa démission, ou plus récemment Saakashvili qui appellent à a destitution.
Le fait est que, de mois en mois, le vent souffle de plus en plus fort autour du Président ukrainien dont la côte de popularité est si basse qu’elle est devenue colère générale dans ce pays qui depuis le Maïdan part dans une dérive totale, accumulant crise économique, crise sociale, crise politique et guerre civile. Aujourd’hui le mouvement réclamant la destitution de l’oligarque-président prend une nouvelle tournure et surtout de l’ampleur.
Quel est le scénario possible désormais pour l’Ukraine maintenant que Porochenko est sur le départ ?
Plusieurs hypothèses sombres sont à envisager :
- d’abord dans le Donbass, une fuite en avant du Président dans la guerre totale, pour tenter de mobiliser les forces politiques autour de la restitution par la force des territoires séparatistes. Il est vraisemblable, même si une vague importante de désertions est probable que l’armée ukrainienne lassée d’attendre obéisse et qu’une grande partie des opposants politiques joue le jeu de l’union sacrée.
- Ensuite on peut imaginer que la procédure de destitution s’enclenche rapidement et aboutisse, ou que l’intéressé démissionne par lui-même, peu intéressé de voir des dossiers nauséeux étalés publiquement et une procédure judiciaire engagé contre lui. Dans ce cas, conformément à la constitution le président du parlement ukrainien, la Verkhona Rada serait nommé Président par intérim, en attendant les élections anticipées.
Aujourd’hui le président par interim, si la procédure est respectée s’appellerait Pariuby, le co-fondateur du parti nazi ukrainien (parti socialiste national ukrainien devenu Svoboda) et l’un des partisans russophobes les plus virulents, partisan d’une guerre totale dans le Donbass.
Il reste cependant une inconnue majeure : le choix américain. Car ce pouvoir ukrainien créé de toutes pièces par les services américains sur la place du Maïdan est plus que jamais aujourd’hui dans le contexte de la crispation des relations Russie/USA, la marionnette des néo-conservateurs tentés de jouer la carte Donbass pour déstabiliser Moscou.
Et il ne serait pas surprenant que le pouvoir profond étasunien soit pour quelque chose dans la tempête qui risque de souffler de Kiev jusqu’à Donetsk…
Erwan Castel
Source : Sputnik news
Les autorités régionales ukrainiennes appellent à la destitution de Porochenko
Plusieurs régions d’Ukraine ont soutenu la décision du Conseil régional de Kiev datant de juin pour exiger l’initiation de la procédure de destitution de Piotr Porochenko, écrit jeudi le quotidien Izvestia. Les députés de 10 conseils régionaux d’Ukraine ont appelé le parlement à adopter la loi procédurale sur la destitution du président.
C’est ce qu’a déclaré, au nom de plusieurs conseils régionaux législatifs, le chef de la fraction Bloc d’opposition au parlement régional de Tchernovtsy Dmitri Pavel. Sachant que différentes forces politiques aussi bien à l’ouest qu’à l’est et dans le centre de l’Ukraine ont appelé à traduire en justice le dirigeant ukrainien. Selon le quotidien Izvestia.
Les exigences de lancer la procédure de destitution contre Piotr Porochenko ont été formulées à plusieurs reprises au parlement ukrainien au cours des derniers mois. Le parti Patrie d’Ioulia Timochenko s’est montré particulièrement en ce sens. Pendant que les députés menaient les débats, le Conseil régional de Kiev a officiellement exigé des députés d’entamer la procédure de démission du chef de l’Etat, en adoptant préalablement la loi nécessaire, qui n’a toujours pas fait son apparition en 25 ans d’indépendance du pays. Et à présent, les députés de plusieurs grandes régions du pays ont exprimé leur soutien à la décision des collègues de Kiev.
Dmitri Pavel a décrété au nom de ses collègues d’autres régions que tout président devait comprendre: «Le poste accordé n’est pas éternel, il est électif, et la société ukrainienne doit disposer de tous les leviers pour lui prendre ces pouvoirs».
«Je suis certain qu’en septembre le parlement régional de Tchernovtsy préparera une requête pour les organes centraux du pouvoirs afin qu’ils adoptent toute de même la loi sur la destitution du président Porochenko», a déclaré le député en rappelant également la décision du Conseil régional de Kiev.
Le député espère que d’ici la fin de l’année tous les parlements régionaux exigeront la démission du président en exercice qui «assume une responsabilité personnelle pour la situation dans le pays».
«La situation socioéconomique que nous constatons sur le territoire de notre pays fait penser que nous nous approchons du précipice. Le déséquilibre total du pouvoir a conduit à l’absence d’un contrôle clair de l’économie ukrainienne. A cause de la corruption et du rythme de l’inflation notre économie se rapproche des africaines», estime Dmitri Pavel.
Vitali Zaparniouk de Tchernovtsy, qui a participé à ATO (opération antiterroriste de l’armée ukrainienne dans le Donbass), a soutenu son député en déclarant que «les idéaux du Maïdan ont été trahi, la corruption prospère, Porochenko tient son argent dans les offshores alors qu’une guerre est en cours».
«Le pays va droit dans le mur!», a déclaré Zaparniouk en exigeant la démission de Piotr Porochenko.
Le député Vassili Derevliany du conseil régional de Ternopol a noté que plusieurs mois plus tôt le parlement local avait déjà exigé des élections présidentielles et législatives anticipées. D’après lui, prochainement la fraction de Patrie s’adressera au parlement national pour exiger l’adoption de la loi sur la procédure de destitution du président ukrainien.
Le conseil de Dniepropetrovsk a rappelé que Piotr Porochenko a été élu, entre autres, pour sa promesse de «terminer la guerre en une semaine», et pendant ce temps l’économie ne fonctionne pas, le chaos règne dans la politique et la guerre ne cesse pas. La députée locale Antonina Oulianinva est convaincue que la situation «ne fera que s’aggraver avec ce président».
«Je suis clairement et absolument favorable à l’idée en soi de destitution!», a laconiquement soutenu ses collègues le député du conseil régional de Khmelnitski Mikhaïl Boïko.
Les conseils régionaux de Nikolaev et de Zaporojie ont souligné que le crédit de confiance à Piotr Porochenko avait «catastrophiquement» chuté, c’est pourquoi il faut soutenir la décision du Conseil régional de Kiev. Mikhaïl Mouchiek du conseil de Tcherkassy et le député Vassili Stoliar du conseil régional de Volhynie sont du même avis. Alors que le député Andreï Cheketa de Transcarpatie a qualifié d’anormale une situation où la Constitution du pays autorise la destitution, mais il n’existe pas de loi procédurale.
Le député de Lvov Iouri Goudima est allé plus loin en appelant à priver d’immunité «tout le monde, Porochenko y compris».