Vous rappelez-vous de la bloggeuse Bana qui décrivait dans un anglais parfait les horreurs de la vie à Alep? Considérant cette histoire comme de la propagande, l’Allemand Jens Bernert avait accusé le journal Stern de diffuser des «fake news». Mais, la justice allemande a donné raison à l’édition. Légitime-t-on ainsi les fausses informations?
«Grosso modo, c’était une farce au cours de laquelle la juge a répété encore et encore que la vérité, le niveau du développement de la science, la conscience journalistique et le bon sens ne jouaient aucun rôle. J’avais l’impression que Stern et la cour s’étaient alliés contre moi», confie-t-il.
«C’est absurde du point de vue politique qu’une édition comme Stern qui milite en faveur de la liberté de parole crée sans aucune nécessité des précédents de ce genre orientés contre la presse. C’est absurde de voir un journal avoir le droit de diffuser une propagande militaire flagrante sans redouter les conséquences, alors qu’un bloggeur […] est contraint de prouver que [le journaliste, ndlr] avait menti intentionnellement», estime son avocat Markus Kompa.
D’ailleurs, cette décision de la justice risque de légitimer les «fake news». Les auteurs peuvent toujours dire que rien ne peut prouver qu’ils avaient l’intention de publier une information dont l’authenticité peut être remise en cause.
«En vertu de la décision de la cour, il paraît qu’on ne peut plus dire: « tel journaliste diffuse de fausses informations », même si ce dernier affirme que la Terre est plate, car personne ne peut entrer dans sa tête et voir ce qu’il pense vraiment», d’indigne le bloggeur.
Selon ce dernier, en écrivant son papier, le journaliste de Stern ne pouvait pas ne pas constater qu’il y avait des incohérences dans l’histoire. Le fait qu’une fillette arabophone de 7 ans écrit dans un anglais parfait suffit à lui seul.D’ailleurs, il y voit un modèle parfait pour faire circuler la propagande.
«C’est ridicule de voir que chez nous on parle partout de la diffusion des fausses informations — parfois non sans raison — et M. Drewello n’y fait pas exception. Mais lorsqu’il s’agit d’une propagande évidente, certains organes de justice prennent un gourdin juridique pour faire taire celui qui critique le « régime »», conclut-il.