Les échanges de menaces entre Pyongyang et Washington témoignent, certes, d’une crise aiguë autour de la Corée du Nord. Mais il serait exagéré de penser qu’une guerre nucléaire est imminente, estime une politologue turque
La nouvelle spirale de tensions entre les États-Unis et la Corée du Nord, qui échangent ces dernières semaines des menaces inquiétantes, est prise plus au sérieux qu’elle ne devrait l’être. Cette perception exagérée de la crise est notamment due au comportement peu habituel adopté par le Président américain Donald Trump, estime Tülin Daloğlu, observatrice politique turque.
«La rhétorique de Donald Trump, le langage de ses gestes et ses déclarations ne sont pas habituels pour le grand public. Il fait des déclarations brusques, sans peser ses mots et sans en évaluer les conséquences, ce qui envenime les tensions», souligne-t-elle.
Elle rappelle que le Président américain George W.Bush a introduit dans le lexique politique l’expression «Axe du Mal».
«La Corée du Nord était une des trois composantes de cet «axe», les deux autres étant l’Irak et l’Iran. D’ailleurs, c’est pendant cette période qu’est survenue l’intervention en Irak, puis son occupation par les troupes américaines. Donc, Donald Trump n’est pas le premier à menacer la Corée du Nord de recours aux armements et d’options militaires», explique-t-elle.
Selon Tülin Daloğlu, il est prématuré de parler d’une guerre nucléaire imminente, toutefois l’existence d’une crise sérieuse est évidente et la rhétorique rugueuse adoptée par les leaders mondiaux ne fait que le prouver.Le Président américain Donald Trump a promis mardi dernier «le feu et la colère» à Pyongyang s’il menaçait de nouveau son pays. Il s’est aussi dit prêt à une riposte militaire aux actions «irréfléchies» nord-coréennes.
La Corée du Nord n’a pas tardé à réagir, menaçant de tirer des missiles balistiques stratégiques à moyenne et longue portée Hwasong-12 contre les bases militaires américaines situées sur l’île de Guam, dans le Pacifique, si Washington poursuivait ses pressions.
Donald Trump a alors appelé Pyongyang à reprendre ses esprits pour éviter des problèmes «qu’aucune nation n’a jamais eus».Le 14 août, le chef du Pentagone a déclaré que toute frappe nord-coréenne sur les territoires des États-Unis donnerait lieu à une offensive militaire à pleine échelle. Kim Jong-un n’a pas tardé à ordonner à ses troupes d’être prêtes à effectuer une frappe à tout moment.
Les menaces de Pyongyang ont inquiété les pays voisins de la Corée du Nord. Selon les médias japonais, Tokyo envisage de déployer des missiles intercepteurs supplémentaires PAC-3 (Patriot) dans les régions du pays que les missiles balistiques nord-coréens survoleront avant d’atteindre Guam.