Les bombardements de la coalition intensifie sur la ville de Rakka deviennent plus forts

La coalition internationale intensifie ses raids en Syrie. En huit jours, elle a procédé à deux cent cinquante frappes contre des cibles djihadistes dans et autour de la ville de Rakka, en Syrie, a déclaré un porte-parole militaire américain, mardi 22 août.

La coalition, formée de dizaines de pays, fournit un appui aérien crucial aux Forces démocratiques syriennes (FDS), une alliance arabo-kurde engagée dans une offensive pour chasser le groupe Etat islamique (EI) de Rakka, son principal bastion en Syrie. Après s’être emparées de 60 % de la cité, les FDS encerclent désormais l’EI dans une zone de 10 km² dans le centre et le nord de la ville.

«Nous avons augmenté nos raids récemment, surtout après la fin de la bataille de Mossoul », a expliqué le porte-parole de la coalition, le colonel Ryan Dillon. Selon lui, la reprise de Mossoul à la fin de juillet, « capitale » de l’EI en Irak, aurait libéré des avions de la coalition, qui peuvent désormais frapper Rakka.

Mort de 170 civils

Mais, selon l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH), cette intensification des bombardements se paye au prix fort pour les civils. En effet, l’ONU estime qu’il y a jusqu’à 25 000 civils pris au piège des violences dans la zone toujours occupée par les djihadistes dans la ville.

L’OSDH a ainsi recensé 40 civils, dont de nombreux enfants, tués mardi dans les frappes de la coalition dirigée par les Etats-Unis. Lundi, ce sont 42 civils, dont 19 enfants et 12 femmes, qui auraient péri dans des raids. En huit jours, l’OSDH assure que près de 170 civils auraient perdu la vie dans les frappes aériennes.

«Le pire endroit aujourd’hui en Syrie est la partie de Rakka qui est toujours aux mains du prétendu Etat islamique», avait dit la semaine dernière Jan Egeland, le chef du groupe de travail humanitaire de l’ONU pour la Syrie.

«Les bilans sont élevés car les frappes ciblent des quartiers du centre-ville très densément peuplés, affirme Rami Abdel Rahmane, le directeur de l’OSDH. Il y a des immeubles remplis de civils qui tentent de fuir des lignes de front. Les raids de la coalition visent tout bâtiment où sont détectés des mouvements de Daech [acronyme arabe de l’EI] », a-t-il ajouté.

Les civils, «haute priorité»

Interrogé sur ces victimes civiles, le colonel Dillon a déclaré que la coalition enquêterait sur ces allégations. Au début d’août, elle a reconnu être responsable de la mort de 624 civils dans des bombardements depuis 2014. Certaines organisations disent ce chiffre largement sous-estimé, mais la coalition internationale affirme toujours prendre des mesures pour ne pas toucher les habitants.
« Les combats se déroulent dans les parties les plus dures de la ville, et nos partenaires ont besoin d’un plus grand soutien », a tenu à souligner le commandant des opérations anti-EI en Irak et en Syrie, le général Stephen Townsend. « C’est probablement logique de supposer que le nombre de victimes civiles a augmenté, mais je voudrais qu’on me fournisse des informations précises », a-t-il réclamé.
« Eviter les victimes civiles est notre plus haute priorité lors des raids contre des cibles militaires légitimes avec des armes de précision, contrairement aux tactiques chaotiques de l’EI qui tuent un très grand nombre de civils », a, pour sa part, assuré la coalition.

De même, le porte-parole des FDS, Talal Sello, a affirmé à l’AFP que ses forces tentaient d’éviter de faire des victimes civiles. «L’une des principales raisons qui expliquent la lenteur de notre progression, c’est notre volonté de préserver la vie des civils», a-t-il insisté.

«Nous avons ouvert des routes sécurisées pour les civils afin qu’ils rejoignent les zones contrôlées par nos forces, qui sauvent quasi quotidiennement des civils en les transférant dans des lieux sûrs », a-t-il encore souligné. Le porte-parole des FDS accuse en revanche l’EI « d’utiliser les civils comme boucliers humains, de tirer sur eux et de les empêcher de fuir». Sur ce point, il fait écho au secrétaire américain à la défense, James Mattis, qui s’en est pris indirectement à l’EI en fustigeant «un ennemi qui se cache derrière les femmes et les enfants et force des innocents à rester sur des lieux qu’il transforme en champ de bataille».

Le 9 août, l’ONU s’était dite préoccupée par le sort de milliers de personnes, notamment des femmes et des enfants, coincées sous le feu des combats à Rakka et sans possibilité d’accès à une aide humanitaire.

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