Sur fond de crise dans les relations turco-allemandes, Berlin et Ankara recourent à une rhétorique de plus en plus tranchante. L’Allemagne voit en la Turquie un obstacle à la réalisation de sa stratégie au Proche-Orient, a expliqué le politologue turc Nejat Tarakçı
On dirait que rien ne va plus entre l’Allemagne et la Turquie à l’heure où la chancelière Angela Merkel refuse l’élargissement de l’Union douanière à la Turquie, et qu’un parlementaire allemand parle d’une sortie éventuelle de ce pays de l’Otan à moyen terme.
«Le soutien accordé par l’Allemagne à l’organisation terroriste qu’est le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) vise à affaiblir les positions de la Turquie au Proche-Orient et constitue une tentative de Berlin d’obtenir des avantages dans la concurrence avec les États-Unis aux dépens d’Ankara, a estimé dans un entretien avec Nejat Tarakçı, spécialiste turc en géopolitique.
Et de rappeler qu’à la différence des États-Unis, l’Allemagne n’était pas un pays à pouvoir décider de la sortie de la Turquie de l’Alliance atlantique.
L’expert a ajouté que Berlin estimait à tort qu’il n’a plus besoin d’Ankara.
«Dans le cadre de l’Otan, la Turquie permettait à l’Allemagne d’utiliser ses bases militaires. Mais à présent, le retrait des militaires allemands de ces bases est décidé. […] Berlin ne doit toutefois pas oublier que s’il veut devenir une force effectivement importante au Proche-Orient, il n’a pas d’autre choix que de coopérer avec la Turquie. Malgré ses ressources économiques, l’Allemagne ne pourra jamais occuper la place des États-Unis», a rappelé l’interlocuteur de l’agence.
Selon ce dernier, l’Allemagne se trouve elle-même sous une sorte d’occupation américaine, une forte quantité de bases militaires des États-Unis étant déployées à ses frontières.