La décision de Donald Trump de maintenir et même de renforcer la présence militaire américaine en Afghanistan ne convint pas Moscou. Pour le ministre russe des Affaires étrangères, la stratégie américaine n’est pas conforme au droit international
La volte-face de Donald Trump en Afghanistan, en contradiction avec ses promesses électorales, a encore surpris la Russie. Bien qu’habitué aux déclarations contradictoires de Washington, le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, a fait part, ce 24 août, de ses réserves quant à la décision du président américain de renforcer la présence militaire des Etats-Unis en Afghanistan dans le put de pacifier le pays, alors que les autorités font face aux attaques récurrentes des taliban et des djihadistes de l’Etat islamique. «Nous pensons que c’est une approche qui mènera à une impasse», a déploré le chef de la diplomatie russe.
Selon le chef de la diplomatie russe, la stratégie américaine n’a aucune chance d’aboutir pour la simple raison qu’elle repose principalement sur l’usage de la force militaire. De surcroît, les Etats-Unis n’ont posé aucune condition préalable à d’éventuelles discussions avec les taliban, passant outre une résolution du Conseil de sécurité imposant à ces derniers de renoncer à la lutte armée et de couper tout lien avec le terrorisme pour pouvoir s’asseoir à la table des négociations.
«Nous [Russes] maintenons le contact avec les taliban en accord parfait avec ces critères et faisons pression sur [les taliban] afin qu’ils se conforment aux exigences du Conseil de sécurité», a souligné Sergueï Lavrov.
En octobre 2017, cela fera 16 ans que les Occidentaux, dans le sillage des Etats-Unis de Georges Bush et de sa «guerre contre le terrorisme», sont intervenus militairement en Afghanistan. Leur objectif était d’y apporter la démocratie tout en éradiquant la menace terroriste. Cette campagne avait été lancée après le refus des taliban, alors au pouvoir, de livrer au Américains le chef d’Al-Qaïda, Oussama Ben Laden.
Depuis, compte tenu de l’enlisement des forces occidentales, c’est plutôt un chaos contrôlé qui règne en Afghanistan. Le secrétaire d’Etat américain Rex Tillerson a d’ailleurs reconnu que les Etats-Unis s’attendaient à ce que la pacification de l’Afghanistan prenne beaucoup de temps. «Cela dépendra de la situation sur le terrain», s’est-il contenté de déclarer le 23 août dernier.
La veille, constatant sans doute qu’il était plus difficile de prendre des décisions une fois assis dans le Bureau ovale de la Maison Blanche que durant les campagnes électorales, Donald Trump avait justifié sa volte-face par le fait que, selon lui, un retrait américain d’Afghanistan créerait un appel d’air pour les terroristes du Moyen-Orient.