Le parti au pouvoir en Angola a remporté largement et sans surprise les élections disputées mercredi et son candidat Joao Lourenço succèdera à la présidence à José Eduardo dos Santos, sur le départ après trente-huit ans d’un règne sans partage.
A la tête du pays depuis son indépendance du Portugal en 1975, le Mouvement populaire pour la libération de l’Angola (MPLA) a recueilli 64,57% des suffrages et conservera la majorité absolue des 220 sièges du Parlement, selon des résultats partiels annoncés jeudi par la Commission nationale électorale (CNE).
Ses deux principaux adversaires, l’Unita et la Casa-CE, n’obtiennent que respectivement 24,04% et 8,56% des voix, a précisé la porte-parole de la CNE, Julia Ferreira. Ces résultats partiels prennent en compte deux tiers des bureaux de vote.
L’opposition a immédiatement contesté cette victoire sans appel.
« Nous avons des résultats différents de ceux annoncés par la CNE », a affirmé un représentant de l’Union nationale pour l’indépendance totale de l’Angola (Unita), Estevao Jose Kachiungu. « Il est impossible que dans l’Angola d’aujourd’hui le MPLA gagne dans toutes les provinces avec un tel écart », s’est-il indigné.
« Ces résultats ne sont pas ceux que nous avons. Nous allons les dénoncer », a pour sa part assuré une représentante de la Casa-CE, Cezinanda Xavier.
Depuis des mois, l’Unita et la Casa-CE, soutenues par la société civile, avaient dénoncé les conditions d’organisation du scrutin.
Les deux partis ont reproché au régime d’avoir contraint de nombreux électeurs, notamment dans des bastions de l’opposition, à voter dans des bureaux très éloignés de leur domicile. Ils ont aussi regretté d’avoir été largement privés d’accès aux médias publics.
Bientôt âgé de 75 ans, M. dos Santos, fatigué par la maladie, avait annoncé à la fin de l’année dernière qu’il ne briguerait pas de nouveau mandat.
Son dauphin désigné, Joao Lourenço, un général à la retraite et ancien ministre de la Défense de 63 ans, hérite d’un pays plongé depuis trois ans dans une profonde crise économique.
A la fin d’une guerre civile meurtrière en 2002, l’Angola a connu une décennie de croissance à deux chiffres nourrie par le pétrole, dont il est avec le Nigeria le principal producteur d’Afrique subsaharienne.
Mais il y a trois ans, la chute brutale des cours de l’or noir, sa principale source de revenus, l’a précipité dans la tourmente. Sa dette s’est creusée, sa monnaie a dégringolé, l’inflation et le chômage ont explosé.
Sa population de 28 millions d’habitants, une des plus pauvres de la planète, en a subi le choc de plein fouet. Largement oubliée lors des années fastes, elle exprime de plus en plus son mécontentement.
Ces derniers mois, les rivaux du président dos Santos ont fait campagne pour le « changement » et dénoncé la faillite économique et la corruption du régime.
Ses adversaires reprochent au « camarade numéro 1 », ainsi que son parti le désigne, d’avoir mis en coupe réglée des pans entiers de l’économie du pays, confiés à sa famille ou des proches.
« Ma mission sera de relancer l’économie du pays », a-t-il déclaré mardi, à la veille du scrutin. « Si j’y parviens, j’aimerais être reconnu dans l’histoire comme l’homme du miracle économique en Angola. »
M. Lourenço a aussi promis de « combattre la corruption ». Mais beaucoup doutent de sa volonté de s’attaquer au « système » de son prédécesseur.