Les Balkans sont menacés d’une nouvelle invasion des réfugiés et des migrants clandestins de Turquie – cette fois non seulement par voie terrestre, mais aussi par voie maritime.
Les derniers jours, les services responsables de la Roumanie et de la Bulgarie ont enregistré une augmentation significative du nombre de migrants tentant de traverser la mer Noire et d’atteindre l’Union européenne par la Bulgarie et la Roumanie.
Nous sommes devant une réorientation des flux migratoires de la Méditerranée vers la mer Noire. Le président de la Roumanie, Klaus Iohannis a prévenu que les tentatives d’entrer dans le pays par voie maritime « seront arrêtées », et le ministre bulgare de la Défense Krasimir Karakachanov a promis que son pays « ne permettra pas l’arrivée de nouveaux immigrants illégaux en Europe ».
En Roumanie et en Bulgarie, on suppose que les deux États ne sont pas l’objectif final des migrants venant de Turquie par mer. « Nous ne sommes pas encore une destination finale attrayante », note en particulier l’édition roumaine « Active News ». Cependant, le problème n’y devient pas plus simple, car ses origines débordent les limites de l’Europe du Sud-Est.
Le président turc Recep Tayyip Erdogan a clairement indiqué à l’Union européenne qu’il était prêt à « élever la barrière » à trois millions de nouveaux réfugiés potentiels, prêts à se précipiter dans les Balkans. Et alors, les clôtures à fil de fer barbelé à la frontière avec la Turquie, ainsi qu’un «système complexe d’observations» dans la mer Noire, risquent de ne pas subir l’afflux de musulmans qui se précipitent vers l’Europe.
Le «système de quotas» élaboré par la Commission européenne en 2015 pour l’accueil des réfugiés dans les États membres de l’UE a été tout aussi inefficace et hâtif. Dans l’ensemble, les quotas de l’UE ne fonctionnent pas. Exemple éloquent : au cours des deux dernières années, la même Roumanie a pu faire en sorte que Bruxelles ait réduit son quota trois fois – de 6 000 à 2 000 personnes – en dépit du fait que c’est du sud-est de l’Europe que l’afflux principal de réfugiés arrive en Autriche, en Allemagne et dans d’autres pays développés de l’UE. L’incapacité des dirigeants de l’UE à résoudre le problème des réfugiés et des migrants est imposée par la situation démographique difficile dans laquelle se trouvent les pays européens, en particulier dans la partie orientale du continent. Selon les estimations des experts, les pays d’Europe de l’Est sont actuellement les plus menacés par la soi-disant bombe de dépopulation – une baisse catastrophique du taux de natalité. L’édition The Financial Times caractérise ce problème comme «la plus grande perte de population dans l’histoire moderne». Selon l’ONU, en 2016 l’Europe de l’Est, était peulpée d’environ 292 millions de personnes, soit de 18 millions (la population des Pays-Bas !) moins qu’au début des années 1990. Et ce processus se poursuit.
Selon les experts, d’ici 2050, la Roumanie perdra 22 % de sa population actuelle. La fécondité dans ce pays par rapport à 1990 a diminué presque de deux fois. La baisse de la population pour la Bulgarie devrait être supérieure à 15 %. En Croatie, seulement pour 2015 – 2016, le taux de natalité a diminué de 20 % et, d’ici 2050, la population de cette ancienne république yougoslave pourrait être réduite de 16 %.
Tout cela se produit dans le contexte de l’afflux de migrants des pays du monde musulman, qui a la dynamique démographique opposée. Il n’est pas surprenant que les gouvernements européens fassent de leur mieux pour trouver leurs propres solutions au problème, y compris ceux qui causent un mal de tête croissant à Bruxelles. En particulier, la Pologne a a pris le chemin de la Hongrie, en introduisant des «passeports ethniques» Karta Polaka (Carte de Polonais) pour ceux qui viennent des anciennes républiques soviétiques, parlent un peu polonais, déclarent la présence des racines polonaises et «a une idée sur la culture du pays». A l’aide de la «Carte du Polonais», ses propriétaires peuvent immédiatement commencer à étudier et à travailler, et aussi un an après avoir reçu le document pour demander un permis de séjour permanent, ce qui constitue une étape intermédiaire pour obtenir la citoyenneté d’un État membre de l’UE.
Cependant, l’essence des processus de dépeuplement en Europe n’en changent pas L’afflux de réfugiés et de migrants clandestins sans précédent d’Afrique du Nord, des pays du Moyen-Orient et du Proche-Orient oblige les gouvernements européens à développer de tels mécanismes pour préserver leur identité nationale, qui contredisent ouvertement aux valeurs libérales déclarées par les dirigeants de l’UE. En même temps, l’UE même a été en état de stupeur et incapable de répondre d’une manière adéquate au changement de la situation – qu’il s’agisse des problèmes culturels et démographiques, de la croissance d’une menace terroriste ou de la conduite d’une politique cohérente et efficace sur les principaux enjeux internationaux. Si la tendance se poursuit, tous les pays membres de l’Union européenne seront à établir leurs «passeports ethniques».
Piotre Iskendérov