L’ambiance est toujours aussi tendue entre certains Etats européens et la Russie

Trois journalistes de l’agence de presse russe Rossiya Segodnya ne pourront pas couvrir la prochaine réunion des ministres européens des Affaires étrangères. La présidence estonienne de l’Union européenne n’a donné aucune justification

Ricardo Gutierrez, secrétaire général de la Fédération européenne des journalistes (FEJ) a condamné ce 25 août la décision de la présidence estonienne de l’Union européenne de ne pas accréditer l’agence de presse russe Rossiya Segodnya. Cette dernière souhaitait couvrir la prochaine réunion informelle des ministres des Affaires étrangères de l’Union européenne les 7 et 8 septembre prochains à Talinn, capitale de l’Estonie.

«C’est clairement une attaque sérieuse contre la liberté de la presse», s’est insurgé Ricardo Gutierrez, qui a décidé de saisir le Conseil de l’Europe sur cette question. «En pratique cela veut dire que le secrétaire général du Conseil de l’Europe demandera au gouvernement estonien des explications à ce sujet», a-t-il encore ajouté. Les autorités estoniennes n’avaient en effet donné aucune justification à leur refus d’accréditer les trois correspondants proposés par Rossiya Segodnya («La Russie d’aujourd’hui» en Russe).

La rédactrice en chef de Rossia Segodnia, Margarita Simonian, s’est félicitée de la réaction de la FEJ et a remercié Ricardo Gutierrez d’avoir pris la défense des médias russes qui se retrouvent dans le collimateur de l’Union européenne. «Merci à Monsieur Gutierrez, qui, contrairement à l’air du temps, s’est autorisé à se lever pour la liberté du monde européen», a fait savoir Margarité Simonian.

L’ambiance est toujours aussi tendue entre certains Etats européens et la Russie, tandis que la montée en puissance de l’OTAN opérée en Europe depuis 2016 est sans précédent depuis la fin de la guerre froide. Pendant que la Suède se prépare à un hypothétique conflit avec la Russie, l’Estonie a ainsi procédé en juin 2017 à l’expulsion de deux diplomates russes, là aussi, sans donner de raisons.

L’Union européenne, pour sa part, a décidé de débloquer des moyens pour faire face à l’«influence russe» médiatique. En novembre 2016, le Parlement européen adoptait une résolution appelant les Etats membres à lutter contre la «propagande du Kremlin», allant jusqu’à l’assimiler à celle de Daesh. L’Estonie a sans doute voulu faire du zèle.

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