Erdogane a réitéré son appel à ne pas voter pour les partis qualifiés ses ennemis

Dimanche, le chef de l’État tuc a réitéré son appel à ne pas voter ni pour la CDU, ni pour le SPD ou encore les Verts, qu’il qualifie de partis « ennemis » de la Turquie.

Les déclarations d’Erdogan ont fait réagir à Berlin. C’est « le pas de trop » pour Martin Schulz. « Aucun pays n’est autorisé à s’ingérer dans les élections d’un autre », a jugé le leader du SPD en lice pour les législatives du 24 septembre. Son adversaire, la chancelière Angela Merkel, a réagi de la même façon : « Nous ne nous laisserons influencer par personne – même pas par le président Erdogan – lors de nos élections allemandes. Peu importe pour qui vous votez, les Germano-Turcs ont aussi le droit de voter librement. »

Les paroles du leader turc ont une forte base. Il s’agit de la communauté turque, qui représente trois millions de personnes – c’est la plus importante du monde hors des frontières de la Turquie. Parmi elles, près de 1,2 million de Turcs disposent également de la nationalité allemande, ce qui leur permettra de voter aux prochaines élections.

Cette diaspora penche plutôt en faveur d’Erdogan : elle a voté à 59% pour son parti l’AKP aux législatives de novembre 2015. Pour Atila Karabörklü, membre de l’organisation TGD, la Communauté turque en Allemagne, les propos de l’homme fort d’Ankara révèlent sa volonté d’en tirer profit dans son pays : « Il veut envenimer l’atmosphère au sein de la population allemande, afin de marquer des points en Turquie. »

Le chef de file des Verts Cem Özdemir, originaire de Turquie, se montre sévère quant à lui envers la politique d’Angela Merkel. Selon le député au Bundestag, l’accord passé entre Berlin et Ankara sur les migrants a ouvert la porte aux excès du chef de l’État turc : le pacte migratoire a donné un puissant moyen de pression à Erdogan, a rappelé Cem Özdemir, chez nos confrères de Deutschlandfunk :

« Aider ne peut pas signifier que vous donnez un chèque et que vous dites: faites ce que vous voulez de l’argent. Et surtout, on ne peut jamais accepter qu’il y ait un accord de manière explicite ou implicite: vous gardez les réfugiés chez vous et nous détournons notre attention des violations des droits de l’homme. La République fédérale d’Allemagne ne peut jamais l’accepter. »

Reste qu’à un mois des élections, le gouvernement ne veut pas voir le scénario de 2015 et 2016 se reproduire, avec l’arrivée de centaines de milliers de migrants en Allemagne.