L’exaspération des habitants des villes touristiques a connu un nouveau pic au cours de l’été. Pourquoi maintenant et quels sont les remèdes ?
La tragédie de l’attaque terroriste qui a fait 15 morts à Barcelone, le 17 août, y a provisoirement différé le débat sur le rejet du tourisme. Pendant quelques jours, après le drame, les habitants ont retrouvé le chemin de la Rambla pour déposer une gerbe en hommage aux victimes de l’attentat. « On y est allés en famille, mais cela faisait plusieurs années qu’on n’y mettait plus les pieds », confiaient à l’Express des habitants de la capitale catalane qui disent se sentir dépossédés de leur cité.
L’exaspération causée par les excès du tourisme a connu une résonance particulière en 2017, avec des manifestations d’hostilité dans plusieurs villes d’Europe. En Espagne, des graffitis anti-touristes ont fleuri sur les murs. « Le tourisme tue les villes », « tourists, go home! ». A Barcelone, des activistes ont crevé les pneus d’un autocar, fin juillet, dénonçant « un modèle de tourisme qui génère des bénéfices pour très peu de personnes et aggrave les conditions de vie de la majorité ». Au Pays basque, des militants ont lancé des feux de Bengale contre un petit train touristique au début de l’été.
Les Vénitiens ont été les premiers à souffrir de ce syndrome. Dès 2009, ils s’inquiétaient de la dépopulation de leur ville au profit des visiteurs. La ville-musée a perdu la moitié de ses habitants en 30 ans.
Le même sentiment d’invasion touche désormais les habitants de Prague, Amsterdam, Lisbonne ou Dubrovnik. « On souffre d’une brutale perte de qualité de vie », déplore Neus Prats, porte-parole du Grup d’Estudis de la Naturalesa d’Ibiza, interrogée par El País.