Au pouvoir depuis trente-huit ans, âgé de 74 ans et malade, José Eduardo dos Santos a dû passer la main. Faute d’avoir pu imposer son fils ou son cousin qui fait fonction de vice-président, il s’est rabattu sur celui qu’il avait nommé trois ans plus tôt ministre de la défense : Joao Lourenço.
Durant la campagne, cet apparatchik du Mouvement populaire de libération de l’Angola (MPLA), parti-Etat jamais vaincu dans les urnes, ne s’est jamais vraiment dévoilé. Ce général à la retraite, âgé de 63 ans, n’a pas cherché à porter un projet ou une vision. Rigide, austère et dépourvu de charisme, cet homme secret s’est efforcé d’imposer l’opinion qu’il incarne la « rénovation dans la continuité ».
Face à la foule, « JLo » s’est révélé peu à l’aise, incapable de communier avec ce « peuple » pourtant invoqué dans chacun de ses discours empreints de références marxistes-léninistes. Avec près de 64 % des voix, selon des résultats contestés par l’opposition, le MPLA conserve le pouvoir et Lourenço prendra, en septembre, les rênes de cette puissance africaine, deuxième producteur de pétrole du continent.
«Ce pays n’aura pas deux présidents»
« J’aurai tout le pouvoir. Ce pays n’aura pas deux présidents », a-t-il assuré la veille de l’élection. Si dos Santos lui confie son trône, il conserve néanmoins un levier de contrôle et d’action en restant à la tête du parti. Ce qui pourrait bien réduire la marge de manœuvre du nouveau président. Ainsi une loi votée à la hâte avant l’élection le prive de la nomination des dirigeants de l’armée, des services de renseignements et de la police, reconduits pour huit ans.
« Les cadres du parti attendent du changement car il y a de plus en plus de mécontents de la gestion du clan dos Santos et de son accaparement des richesses, explique le chercheur Nuno de Fragoso Vidal, spécialiste du MPLA. Avant d’entamer ses réformes, Lourenço devra assurer la continuité de dos Santos, dont l’influence dépend de sa santé. Lourenço a un atout certain : il est très respecté au sein du parti. »