L’armée birmane a tiré sur un large groupe de Rohingyas qui tentaient de franchir la frontière avec le Bangladesh

L’armée birmane a tiré au mortier et à la mitrailleuse sur un large groupe de Rohingyas qui tentaient, samedi, de franchir la frontière avec le Bangladesh pour fuir les violences qui ont fait des dizaines de morts dans l’ouest de la Birmanie.

Les forces de sécurité birmanes ont ouvert le feu sur des civils terrifiés qui fuyaient vers le Bangladesh, samedi 26 août, à la suite de violences ayant fait des dizaines de morts dans l’ouest de la Birmanie, selon un journaliste de l’AFP et un responsable des gardes-frontières. Depuis vendredi, les affrontements entre forces de l’ordre et rebelles de la minorité musulmane des Rohingyas ont fait au moins 92 morts, dont 12 membres des forces de sécurité, d’après la police.

Les violences se déroulent dans l’État de Rakhine, secoué depuis plusieurs années par de fortes tensions entre les Rohingyas et les bouddhistes. Les civils ont fui vers la frontière avec le Bangladesh, mais les autorités de ce pays ont refusé de les laisser entrer et des milliers de personnes, des femmes et des enfants en majorité, se sont retrouvés coincées.

Samedi après-midi, l’armée birmane déployée sur des collines a tiré au mortier et à la mitrailleuse sur un large groupe de Rohingyas qui tentaient de franchir la frontière. Le correspondant de l’AFP a vu des civils courir pour se mettre à l’abri au moment où les soldats ouvraient le feu près du poste-frontière de Ghumdhum. Il n’était pas possible dans un premier temps de savoir s’il y avait eu des victimes.

« Ils ont tiré sur les civils, pour la plupart des femmes et des enfants, qui étaient cachés dans les collines près de la frontière », a déclaré à l’AFP un responsable local des gardes-frontières bangladeshis, Manzurul Hassan.

Considérés comme des étrangers au sein de la Birmanie, à plus de 90 % bouddhiste, les Rohingyas sont apatrides même si certains vivent dans ce pays depuis des générations. Ils n’ont pas accès au marché du travail, aux écoles, aux hôpitaux et la montée du nationalisme bouddhiste ces dernières années a attisé l’hostilité à leur encontre.

Mais les arrivées de Rohingyas ne sont guère vues d’un bon œil par le Bangladesh, nation en majorité musulmane qui a déjà accueilli des dizaines de milliers de réfugiés de cette minorité. Le ministère bangladeshi des Affaires étrangères a convoqué, samedi, le chargé d’affaires birman pour exprimer sa « vive inquiétude » face à la possibilité d’un large afflux de Rohingyas à la suite des dernières violences.

Les combats avaient commencé vendredi lorsque des centaines d’hommes, qui feraient partie de l’Arakan Rohingya Salvation Army (ARSA), avaient attaqué plus de 20 postes de police dans l’État de Rakhine, des violences sans précédent depuis des mois. Une commission internationale dirigée par l’ancien secrétaire général de l’ONU Kofi Annan a rendu jeudi ses conclusions sur la situation dans l’État de Rakhine, appelant la Birmanie à donner plus de droits aux Rohingyas, faute de quoi cette minorité risquait de « se radicaliser ».