Après des interventions remarquées sur la scène internationale, le président français va s’exprimer mardi ses idées devant les ambassadeurs réunis à l’Élysée.
Emmanuel Macron s’exprimera mardi devant les quelque 200 ambassadeurs français réunis à l’Élysée à l’occasion d’un discours de rentrée diplomatique. Le président présentera les grands axes de la politique étrangère française, après des débuts sur la scène internationale marqués par des coups d’éclat et des initiatives inattendues ayant séduit ou irrité. En moins de quatre mois au pouvoir, Emmanuel Macron, novice en politique étrangère, a été très remarqué à l’international, tour à tour séduisant, autoritaire, voire virulent, comme l’a montré vendredi sa charge contre la Pologne au sujet du refus par Varsovie de durcir la directive sur le travail détaché dans l’Union européenne. En retour, Varsovie l’a accusé d’arrogance.
Pro-européen revendiqué, le président de 39 ans, qui se présente comme l’incarnation d’un renouveau politique, était attendu avec intérêt et curiosité dans le cénacle. Et ses premiers pas ont d’abord séduit : accueilli avec chaleur au sein d’une Union européenne déstabilisée par le Brexit, salué pour avoir ostensiblement défié l’Américain Donald Trump en lui broyant la main ou le Russe Vladimir Poutineen l’interpellant publiquement sur les droits de l’homme. « Macron a bien réussi son entrée sur la scène internationale en termes de style, et en diplomatie, le style c’est important. Grâce à lui, la France est de nouveau audible », juge l’ancien ambassadeur Michel Duclos, consultant à l’Institut Montaigne. « Cela sera-t-il suivi d’effet ? C’est autre chose », ajoute-t-il en pointant de possibles écueils : « vouloir à tout prix se démarquer de son prédécesseur, revenir à de l’eau tiède après quelques éclats ».
Sur le fond, le noyau dur du « macronisme » s’articule autour de l’Europe et la volonté de lui redonner impulsion et crédibilité grâce à la relance du couple franco-allemand. « Le redressement de l’influence française à Bruxelles sera largement conditionné par le succès des réformes internes. Tous les Européens, à commencer par l’Allemagne, regardent ce que fait Macron sur le Code du travail ou les objectifs de réduction du déficit. Je dirais qu’il y a à Bruxelles une observation bienveillante », analyse Pierre Vimont, du centre de réflexion Carnegie Europe.
Toutefois, l’Europe ne se résume pas à la relation franco-allemande, souligne le directeur de l’Institut français des relations internationales, Thomas Gomart, rappelant que « la relation est difficile avec l’Italie » sur la question migratoire ou les enjeux industriels et navals. Rome, ancienne puissance coloniale en Libye et en première ligne dans la crise des réfugiés, a notamment été froissée par l’organisation en juillet près de Paris d’une rencontre entre les frères ennemis libyens, qui s’est soldée par une déclaration conjointe de principes pour sortir du chaos. « Cet accord a été salué par tous nos partenaires, la France a fait bouger les lignes sur le dossier libyen », assure-t-on à Paris. Sur plusieurs sujets, Emmanuel Macron a annoncé des initiatives fortes, voire intempestives, comme la création de « hotspots », des centres d’enregistrement des migrants, en Libye, sur laquelle l’Élysée a rapidement fait marche arrière. Paris organise d’ailleurs lundi un sommet avec ses partenaires européens (Allemagne, Italie, Espagne) et africains (Libye, Tchad et Niger) sur la crise migratoire.
Entretenir les relations avec Trump
Concernant la Syrie, le président, qui avait reçu Vladimir Poutine à Versailles très rapidement après son élection, a réaffirmé à maintes reprises que la priorité française était la lutte anti-djihadiste, et affiché son « pragmatisme » au sujet du président Bachar el-Assad. Mais la main tendue à Moscou pour coopérer dans la lutte contre le terrorisme ou obtenir le démantèlement total de l’arsenal chimique syrien n’a pas encore de traduction concrète. En Syrie, la Russie « se fait passer pour un acteur efficace de la lutte contre (le groupe) État islamique », mais ses actions visent avant tout à « restreindre la liberté d’action de la coalition anti-djihadiste » internationale, résume une récente étude de l’Institute for the Study of War.
Avec les États-Unis de Donald Trump, Emmanuel Macron a marqué les esprits en se positionnant comme un farouche défenseur de l’accord de Paris sur le climat, tout en déroulant le tapis rouge au bouillant locataire de la Maison-Blanche, invité d’honneur le 14 juillet à Paris. Cette tactique vise à maintenir le lien avec l’imprévisible président américain et à ne pas l’isoler davantage sur la scène internationale, a répété l’Élysée. Pour autant, Donald Trump ne donne pas l’impression de fléchir et le retour de Washington dans l’accord de Paris est à l’heure actuelle plus qu’hypothétique.