Les services de sécurité ukrainiens ont arrêté aujourd’hui une journaliste de la télévision publique russe Pervyi Kanal et vont l’expulser du pays après un reportage jugé trop critique.
La présentatrice de la chaîne a annoncé ne plus être en mesure de joindre sa journaliste Anna Kourbatova à Kiev et parlé d’un « enlèvement par des inconnus près de chez elle », donnant un ton dramatique à l’affaire avant de préciser: « selon nos informations, Anna Kourbatova a été arrêtée par des agents des services de sécurité ukrainiens », le SBU.
Une source au sein du SBU a indiqué que la journaliste avait été arrêtée en raison d’un reportage jugé trop critique envers l’Ukraine et sera expulsée du pays prochainement. « Elle sera expulsée en raison du reportage qu’elle a réalisé à l’occasion de la fête de l’indépendance. Son séjour ici sera écourté et elle écopera d’une interdiction d’entrée en Ukraine », a indiqué cette source.
L’Ukraine a fêté jeudi l’anniversaire de son indépendance de l’URSS, qui a coïncidé avec une visite du chef du Pentagone Jim Mattis. M. Mattis a assisté, à cette occasion, à un défilé militaire à Kiev auquel participait des soldats américains pour la première fois dans l’Histoire. Le reportage d’Anna Kourbatova, diffusé le weekend dernier, portait sur la visite de M. Mattis et sur les affrontements entre forces de Kiev et séparatistes prorusses dans l’Est. Il comportait des interviews d’interlocuteurs critiquant le président Petro Porochenko.
Une journaliste de la chaîne publique russe Rossiya 24, Tamara Nersesyan, avait déjà été expulsée d’Ukraine le 15 août en raison d' »activités allant à l’encontre des intérêts ukrainiens ». La journaliste a été interdite d’entrée dans le pays pour trois ans.
Fin juin, une autre journaliste de Rossiya 24, Maria Kniazeva, avait été expulsée pour les mêmes raisons. L’Ukraine figure à la 102e place du classement mondial de la liberté de la presse 2017 de l’organisation Reporters sans frontières (RSF), qui se base sur une liste de 180 pays.