L’Union chrétienne démocrate (CDU) au pouvoir et sa petite sœur bavaroise, l’Union chrétienne-sociale (CSU), espèrent durcir leur politique envers les réfugiés et obtenir davantage d’expulsions dans le cas des demandeurs d’asile déboutés. Ils souhaitent également accélérer ce processus d’expulsion.
En 2015, la chancelière allemande Angela Merkel, membre de la CDU, avait prononcé cette phrase restée célèbre « Wir schaffen das » (« Nous y arriverons »). A l’époque, le pays faisait face à une arrivée massive de demandeurs d’asile.
La dirigeante conservatrice était convaincue que l’Allemagne avait la vitalité économique et la volonté culturelle nécessaires pour ouvrir ses portes aux réfugiés. Mais deux événements vont changer la donne et durcir l’attitude du pays face aux demandeurs d’asile.
D’une part, la vague d’agressions sexuelles dirigée contre des femmes et enregistrée le soir du Nouvel-An 2016, à la gare centrale de Cologne. La majorité des agresseurs sont des hommes d’origine nord-africaine, demandeurs d’asile ou immigrés illégaux.
D’autre part, l’attaque terroriste, commise en décembre 2016, à Berlin, par Anis Amri, un demandeur d’asile tunisien débouté.
La CDU et la CSU, qui sont les deux partis les plus conservateurs au sein du Parlement allemand, espèrent brosser leur base conservatrice dans le sens du poil à travers une politique plus restrictive en matière d’asile.
Ils veulent par exemple rendre les regroupements familiaux plus difficiles pour les réfugiés et réduire l’accès à la protection subsidiaire qui permet aux demandeurs d’asile déboutés de rester un an dans le pays, sous certaines conditions.
La CDU souhaite aussi à tout prix poursuivre les expulsions des demandeurs d’asile déboutés vers l’Afghanistan, un pays qui reste, selon de nombreuses personnes, dangereux. Enfin, la CDU et la CSU veulent une réduction générale du nombre de réfugiés entrant en Allemagne.
Autre raison pour expliquer ce durcissement : la CSU est plus conservatrice que la CDU. Elle a clairement milité pour la baisse du nombre de réfugiés.
Dans une interview publiée en octobre 2015, Horst Seehofer, le candidat de la CSU, estimait que la Bavière avait « atteint sa capacité maximum » et qu’elle ne pouvait pas gérer davantage de réfugiés.
Cette même année, la région dirigée par la CSU avait été submergée par un flot de demandeurs d’asile et lorsque des milliers de personnes étaient arrivées depuis la route de Balkans, les capacités d’accueil d’urgence avaient été saturées.
Le SPD
Le parti social-démocrate de centre-gauche (SPD) souhaite lever des fonds supplémentaires pour aider les régions allemandes à gérer la crise. Il suggère également de mettre davantage d’appartements abordables à disposition des réfugiés et d’accélérer le processus de demande d’asile.
Dans un article publié dans le quotidien allemand Welt, le candidat du SPD, Martin Schulz, s’est exprimé en faveur de solutions européennes pour gérer la crise des réfugiés. « Ce dont nous avons besoin, c’est d’une loi européenne pour l’immigration et l’asile.
La crise des réfugiés a mis en lumière un phénomène global : l’accueil des réfugiés ne peut pas être réglé au niveau national. Il doit l’être au niveau européen. »
Die Linke
Dans son programme électoral, le parti d’extrême-gauche Die Linke, dirigé par Katja Kipping et Bernd Riexinger, dit qu’il « veut se battre contre les raisons qui poussent les réfugiés à fuir mais pas contre les réfugiés eux-mêmes. »
Die Linke demande « un arrêt immédiat des expulsions et le droit de séjour pour tous les demandeurs d’asile. » Elle souhaite également annuler l’accord entre l’Union européenne et la Turquie. Pour en savoir plus sur cet accord, cliquez ici.
Les Verts
Le parti des Verts qui se situe à gauche sur l’échiquier politique et qui fait de la protection de l’Environnement son cheval de bataille, a lui aussi appelé à améliorer les situations des pays d’origine des réfugiés.
Le parti souhaite plus de personnel pour l’Office fédéral des migrations et des réfugiés (BAMF) afin que ce dernier puisse se charger de l’examen des demandes d’asile. Enfin, les Verts demandent l’arrêt des expulsions vers l’Afghanistan.
Alternative pour l’Allemagne
L’Alternative pour l’Allemagne (AfD) est un parti populiste de droite. L’AfD veut réduire l’immigration en Allemagne. Sur sa plateforme électorale, elle propose une renégociation de la Convention de Genève.
Celle-ci définit les modalités selon lesquelles un État doit accorder le statut de réfugié aux personnes qui en font la demande. Le parti exige aussi une diminution des regroupements familiaux pour les réfugiés.