Les fantassins d’Emmanuel Macron montent au front

Le chef de l’Etat, dont la popularité plonge, pousse son Premier ministre et plusieurs membres du gouvernement à mettre en scène la « cohérence globale » de son action, écrit Paris-Match.

Un été a suffi à le faire trébucher et tomber de son Olympe. En deux mois, Emmanuel Macron a perdu 24 points dans le baromètre Ifop/JDD. Seuls 40% des Français se disent désormais satisfaits de lui. Le chef de l’Etat avait voulu éviter les médias, prendre de la distance, «représidentialiser» la fonction. Il en sort plus essoré encore que François Hollande et Nicolas Sarkozy. Adepte des sondages, il tire les leçons de ses erreurs et change radicalement de méthode. Son nouvel objectif consiste à saturer l’espace médiatique. Au programme: un grand entretien dans «Le Point», puis des interventions à la radio ainsi que par des Facebook live, «un exercice sans filet qui marche très bien», assure un proche. Il reprend aussi en main la communication élyséenne. Son équipe s’est musclée: 9 personnes sont désormais chargées de la presse et un «senior» devrait encore les rejoindre. L’exécutif a bien compris que l’annonce d’une réduction du montant des APL et le coup de frein sur les emplois aidés ont pu donner l’impression que le gouvernement s’en prenait aux plus faibles.

Emmanuel Macron ne veut pas être seul en première ligne. Il souhaite voir ses ministres monter au front pour «raconter la cohérence globale» de son action. «Il y a eu des petits loupés en juillet», admet un conseiller. Le passage du Premier ministre au micro de Jean-Jacques Bourdin fait aussi partie des ratés. Mais Edouard Philippe veut tenter malgré tout d’«imprimer». Il sera l’invité jeudi soir du JT de France 2, participera à une grande émission politique le week-end prochain et sera le 28 septembre dans «L’émission politique» sur France 2. Il va aussi multiplier les déplacements. Coup d’envoi: à la foire de Pau, le 9 septembre, aux côtés de François Bayrou qui le lui a proposé. Au séminaire lundi, Edouard Philippe a demandé à chacun des membres de son équipe d’«être en mesure de défendre l’action du gouvernement». «On peut par exemple montrer qu’on protège et qu’on libère sur les questions de travail, sur la rentrée scolaire ou sur la sécurité», précise le médiatique porte-parole du gouvernement Christophe Castaner, qui a participé à plus de 75 émissions depuis sa prise de fonction.

Agir avec méthode

D’autres membres de l’équipe gouvernementale sont poussés. C’est le cas de Benjamin Griveaux qui a beaucoup échangé avec Emmanuel Macron cet été. «Il faut être plus présent, tu fais partie de ceux qui peuvent s’exprimer sur tous les sujets», lui a intimé le président. Ex-porte-parole de la campagne pour les législatives, ce macroniste de la première heure avait besoin d’un «sas de décompression» pour changer de costume. Bruno Le Maire et Gérald Darmanin vont prendre le relais pour la présentation du projet de loi de finances (le 27 septembre). «Le mois de septembre est préparé, anticipé, il faut agir avec méthode», explique-t-on à Bercy. Au programme: les ordonnances sur la loi travail, le logement, les étudiants, puis l’environnement. Julien Denormandie va essayer de prendre la lumière.

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Cet intime du chef de l’Etat présentera la «stratégie logement» pour les cinq années à venir au Conseil des ministres du 13 septembre. «Ils vont sortir davantage car ils auront des réformes à présenter», promet Matignon. «La ministre de la Santé Agnès Buzyn, celle des Armées Florence Parly qu’on n’entend pas, y compris sur les questions de défense, doivent entrer dans le débat», insiste Castaner. Tout comme Nicolas Hulot resté jusqu’à présent bien silencieux.