Bataille de Mossoul, crise au Venezuela, exécutions aux Philippines: le festival international de photojournalisme de Perpignan, Visa pour l’Image, expose à partir de samedi un monde violent et tragique, en mettant à l’honneur le travail des femmes photoreporters.
Sur les 25 expositions de la manifestation, une des plus importantes consacrées au photojournalisme dans le monde, trois sont consacrées à la bataille de Mossoul, symbole du recul des combattants islamistes en Irak/Syrie.
« La brutalité inédite des affrontements conjuguée aux cruciaux enjeux géopolitiques qu’ils impliquent mérite que l’on s’y arrête, et même s’y attarde », explique le directeur du festival Jean-François Leroy.
Et c’est une première dans l’histoire du festival: « les quatre nommés au Visa d’or Paris Match News traitent du même sujet: Mossoul », souligne-t-il.
Figure respectée de la profession, plusieurs fois blessé, Laurent Van der Stockt qui couvre les conflits depuis plus d’un quart de siècle, présente une série de clichés pris pour Le Monde au plus près des combats dans cette ville reprise en juillet au groupe Etat islamique.
En novembre 2016 à Mossoul, il avait échappé à un attentat à la voiture piégée, avec d’autres journalistes. Une vidéo, largement diffusée sur le net, le montre juste après l’explosion, continuant de travailler avec un sang-froid extraordinaire.
Une de ses photos a remporté le 1er prix dans la catégorie « informations générales » au World Press Photo 2017: elle montre une fillette adossée au mur de sa maison est terrifiée à l’arrivée des forces irakiennes lors de la libération de la ville.
Au Venezuela, plongé depuis des mois dans une crise politique, la photoreporter Meridith Kohut a documenté pour le New York Times les terribles pénuries de nourriture et de médicaments frappant la population.
Scènes sanglantes
Aux Philippines, Daniel Berehulak a été témoin, pour le même quotidien new-yorkais, de la sanglante guerre contre la drogue du président Rodrigo Duterte. Un « boulot absolument remarquable », selon M. Leroy.
« Au cours des 35 jours que j’ai passés sur place, j’ai photographié 57 victimes de meurtres dans 41 lieux. J’ai été témoin de scènes sanglantes presque partout », explique le photographe du New York Times.
Marco Longari, chef de la Photo pour l’Afrique à l’Agence France-Presse (AFP), basé à Johannesbourg, présente une série de clichés intitulée « Tumulte et solitude en Afrique » visant à dépasser un « récit simpliste » de l’actualité. Il était le seul photographe étranger présent lors des violences électorales en 2016 au Gabon.
Visa pour l’Image met également à l’honneur le travail de 7 femmes photographes, notamment Darcy Padilla (Agence Vu) qui s’est rendue dans la réserve d’Indiens de Pine Ridge, aux Etats-Unis. L’espérance de vie y est la deuxième plus faible du monde occidental.
Dans « Inchallah Cuba », Sarah Caron s’est plongée dans la petite et colorée communauté musulmane de Cuba la catholique. Et Isadora Kosofsky a suivi aux Etats-Unis la vie de mineurs pendant et après la prison.
Aucune exposition n’est consacrée aux attentats islamistes qui se multiplient dans le monde: « Si on en parle trop, est-ce qu’on n’en fait pas la promotion ? Tout le monde se souvient du nom de Mohamed Merah et personne de celui des victimes », insiste le directeur du festival.
« Donner autant d’importance aux mecs de Daech (acronyme arabe d’EI) est une responsabilité qu’on ne veut plus avoir », poursuit-il, assurant que les photos d’attentats « finissent par toutes se ressembler ».
Et aucune exposition non plus sur les élections de Donald Trump et Emmanuel Macron. Le 8 septembre, l’AFP animera toutefois une session consacrée aux campagnes électorales de la Vème République avec les témoignages les plus marquants de sept photographes.
Le festival, qui accueille traditionnellement quelque 3.000 professionnels et 160.000 visiteurs, s’achève le 17 septembre.