La jeune Prix Nobel se prononce contre massacre des Rohingyas en Birmanie

Malala Yousafzai, jeune prix Nobel de la Paix, a critiqué Aung San Suu Kyi sur son silence concernant le massacre des Rohingyas, ethnie musulmane de Birmanie.

D’un prix Nobel de la Paix à un autre. Dimanche, la jeune Malala Yousafzai a condamné la façon «tragique et violente» dont les Rohingyas, ethnie musulmane de Birmanie, sont traités. Elle a appelé à l’«arrêt des violences», l’accès à la nationalité birmane pour les Rohingyas et l’accueil «des familles fuyant la violence et la terreur» par d’autres pays. A l’issue de son message, la future étudiante d’Oxford a adressé un tacle en direction d’Aung San Suu Kyi, conseillère spéciale d’Etat : «J’attends toujours que ma collègue lauréate du prix Nobel Aung San Suu Kyi fasse de même. Le monde attend et les musulmans Rohingyas attendent.»

En une phrase, Malala Yousafzai a cristallisé toutes les critiques à l’encontre de celle qui a été placée pendant des années en détention à domicile, interdite de participer à la vie politique de son pays mais qui, depuis son retour sur le devant de la scène, n’a pas condamné le massacre des Rohingyas. Dix jours de violence ont provoqué le départ de 87 000 réfugiés vers le Bangladesh depuis l’Etat Rakhine, région pauvre et reculée où vivent les Rohingyas. Ces derniers sont considérés, par les nationalistes bouddhistes birmans, comme une menace à la domination bouddhiste du pays.

En avril dernier, Aung San Suu Kyi a refusé de parler de «nettoyage ethnique» pour expliquer les violences nombreuses à l’égard de cette minorité musulmane : «J’estime que le terme de nettoyage ethnique est trop fort pour expliquer ce qu’il se passe». «Ce sont aussi des musulmans qui tuent d’autres musulmans», avait assuré la dame de Rangoun, admettant «beaucoup d’hostilité». «Il s’agit de deux camps face à face et nous qui essayons de résorber le précipice entre eux», avait-elle ajouté. «Aung Sang Suu Kyi a encore beaucoup à prouver» sur le sort des minorités en Birmanie, nous avait déclaré Habiburahma, membre du peuple Rohingyas, réfugié en Australie et auteur de «Nous, les innommables. Un tabou birman».