Le Pape entame ce jeudi sa visite de cinq jours en Colombie dans la capitale, Bogota.
Il doit successivement s’adresser aux autorités politiques, aux jeunes, aux évêques colombiens puis à ceux d’Amérique Latine avec quatre discours charpentés pour soutenir la paix, avant de terminer par une messe géante dans le parc Bolivar.
L’airbus A 330 d’Alitalia transportant le pape François a sagement contourné par le sud l’ouragan Irma alors qu’il devait précisément traverser la zone la plus touchée, mercredi, lors de son vol vers la Colombie. Posé peu avant minuit, heure de Paris, à Bogota, la capitale, François y a reçu un accueil digne du continent latino-américain: enthousiaste, massif, populaire, profondément joyeux. Des centaines de milliers de personnes l’attendaient pour le saluer entre l’aéroport et le centre-ville.
Parmi les milliers de mains tendues, une petite main a pu serrer celle du pape, dès sa descente d’avion. Celle d’un jeune garçon, Emmanuel, né en…captivité puisqu’il est le fils de Clara Rojas, aujourd’hui parlementaire qui fut séquestrée pendant des années par les Farc (Forces armées révolutionnaires de Colombie). Tout un symbole de la volonté de «réparation» de ce pays meurtri par une guerre interne violente et longue d’un demi-siècle – à l’aéroport des personnes handicapées par ces combats ont été saluées par le pape – qui s’est terminée l’an passé mais aussi de «construction de la paix» selon les mots du président de la République Juan Manuel Santos, prix Nobel de la paix en 2016, venu présenter à la presse l’enjeu de cette visite de cinq jours.
À 80 ans, le pape est apparu en bonne forme malgré les douze heures de vol et un décalage horaire de sept heures. Très souriant, il est entré dans Bogota en papamobile ouverte. Devant la nonciature où il demeure, revêtu d’un poncho en laine beige locale, il semblait visiblement ravi de s’exprimer dans sa langue natale, exhortant les jeunes qui l’acclamaient à «ne pas se laisser voler la joie et l’espérance».
L’ombre du Venezuela
Alors qu’une volonté de paix durable semble être partagée par la majorité des Colombiens, l’ombre d’une guerre civile incontrôlable se dessine toutefois sur le pays voisin, le Venezuela. C’est l’autre toile de fond de ce vingtième voyage du pape. En plein vol, François est d’ailleurs venu confier ce souci à la presse: «Nous survolerons le Venezuela, et j’aurai une prière pour ce pays pour qu’il puisse trouver, par le dialogue dans le pays, une belle stabilité, dans un dialogue avec tous».
Pour cette première étape du voyage ce jeudi, le pape restera dans la capitale colombienne. Il va successivement s’adresser aux autorités politiques, aux jeunes, aux évêques colombiens puis à ceux d’Amérique Latine avec quatre discours charpentés. Il terminera par une messe géante, et une homélie très attendue, dans le parc Bolivar devant 700.000 personnes.
Il est très probable que le mot «paix» se répète avec insistance dans ses interventions. Tout le monde sait ici que François, en coulisse, a «donné un apport décisif au processus de paix» comme l’a rappelé publiquement le président de la République. Tout l’enjeu de ce voyage est maintenant de consolider cet acquis encore fragile.