Le point de presse de « Médecins sans Frontières » d’hier a fait suite à la publication, la veille, par la Commission européenne, des chiffres qui montrent un fort recul du nombre de migrants empruntant la route de la Méditerranée centrale.
Cette tendance pourrait être le résultat des accords passés entre Bruxelles et les pays africains, comme le Niger et la Libye, visant à renforcer les contrôles aux frontières et à couper les routes de la migration.
L’Union Européenne n’est pas seule
Mais pour MSF, le financement européen cherche aussi et surtout à empêcher les bateaux de quitter les eaux libyennes. Dans son courrier adressé aux dirigeants européens, « nous parlons d’une cruauté systématique pour torturer les gens et pour leur extorquer de l’argent » a déclaré Joanne Liu, la présidente de MSF International, qui accuse « les dirigeants européens d’alimenter un système criminel ».
Les réactions à Bruxelles
Après la publication de la lettre de MSF condamnant la politique européenne de collaboration avec la Libye, les réactions ne se sont pas faites attendre: « on est tout à fait conscient des conditions absolument inacceptables, scandaleuses voire inhumaines dans lesquelles certains migrants se trouvent dans les camps de rétention en Libye. On ne reste pas aveugle face à cela. On agit et on veut changer la situation », a admis Catherine Ray, porte-parole de l’Union européenne, qui estime qu’une des priorités de la Commission est de sauver des vies et de protéger les migrants.
Dans les quatre rapports rendus publics mercredi, la Commission européenne se félicite des progrès enregistrés dans la gestion des flux migratoires. Bruxelles a insisté sur le fait qu’il faut cependant aider les pays de départs de migrants sur lesquels s’exerce une forte pression.
Des propos qui ont fait réagir Michael Neuman, Directeur d’Études au Centre de réflexion de MSF: « ces politiques de fermeture des frontières notamment dans les pays du Sahel ont comme effet d’engorger économiquement ces pays. Ces pays qui vivent historiquement et structurellement de la migration. Ces sont des régions au coeur de la CEDEAO où les mobilités font partie du paysage social et économique », estime-t-il.
Enfin, devant les journalistes, à Bruxelles, la présidente de MSF International a demandé à ce qu’on arrête de renvoyer les migrants dans le « pays cauchemardesque qu’est la Libye« . Dans ces conditions, Bruxelles cherche à organiser des voies légales vers l’Europe « pour ceux qui ont besoin d’une protection internationale« .