Le parquet d’Ankara a ouvert une enquête le 8 septembre contre un influent député du principal parti d’opposition en Turquie qui avait accusé l’armée d’avoir tué avec des drones des civils dans le sud-est du pays.
Une enquête pour « dénigrement de la personne morale de l’Etat turc » a été ouverte contre Sezgin Tanrikulu, député à Istanbul du Parti républicain du peuple (CHP, social-démocrate), a rapporté l’agence de presse progouvernementale Anadolu.
Mercredi, Tanrikulu, avocat de formation, avait affirmé sur Twitter que « des drones armés ont frappé et tué des compatriotes civils » dans la province de Hakkari, dans le sud-est à majorité kurde de la Turquie en proie à une sanglante rébellion séparatiste. Le gouvernement turc a catégoriquement démenti ces allégations, affirmant que seuls des « terroristes » étaient tués lors des bombardements de l’aviation.
« Vous le savez, nous fabriquons nos propres drones armés, et les terroristes cherchent désormais un trou où se terrer. Et dans ce contexte, ces messieurs (du CHP) se mettent à défendre les terroristes tués », a lancé le président Recep Tayyip Erdogan aujourd’hui.
« A ce jour, aucun civil n’a subi de désagrément à cause des drones. Nous ne détruisons que les terroristes », a martelé peu après le ministre de la Défense, Nurettin Canikli, accusant le député du CHP de se faire le « porte-parole des terroristes ».
Le CHP est la principale formation de l’opposition en Turquie, et son dirigeant, Kemal Kiliçdaroglu, est régulièrement pris pour cible par M. Erdogan. Le sud-est à majorité kurde est le théâtre d’affrontements réguliers entre l’armée turque et les séparatistes du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), organisation classée « terroriste » par Ankara et ses alliés occidentaux.