Affaiblie et guère audible depuis son échec au second tour de la présidentielle face à Emmanuel Macron, Marine Le Pen s’est dite samedi 9 septembre à Brachay (Haute-Marne) « déterminée » à redonner de la voix et de la force à un FN miné par les querelles, attaquant les Insoumis et l’exécutif.
« Je reviens avec une grande détermination » a affirmé à l’heure du déjeuner la présidente du Front national devant environ 500 personnes, drapeau tricolore et parapluie à la main, la faute à un temps capricieux après plusieurs années sous un grand soleil dans ce petit village où elle effectue sa rentrée politique depuis 2014.
Le climat s’est en effet détérioré pour Marine Le Pen: présente au second tour de la présidentielle face à Emmanuel Macron, elle apparaît supplantée par Jean-Luc Mélenchon comme tête d’affiche de l’opposition au chef de l’Etat. Son parti, lui, est divisé. Malgré des records de voix à la présidentielle et de députés au scrutin majoritaire, les responsables du parti ne cessent de se renvoyer la responsabilité de l’échec électoral, certains doutant désormais que Marine Le Pen soit leur meilleur atout électoral. La présidente du FN s’en est prise violemment à Emmanuel Macron (« la France nomade ») et plus encore à Jean-Luc Mélenchon (« les islamo-trotskistes »), présentant son parti comme « l’exacte antithèse du macronisme » et « le seul en mesure d’incarner la grande alternance » dans une France à la situation selon elle catastrophique, notamment du fait de l’immigration.
Mais faute d’élections à venir dans l’immédiat, hormis les sénatoriales dans deux semaines, son chantier majeur est interne, celui de la « refondation », lancé au soir du second tour perdu. A ce sujet, elle a très vite mis en garde dans son discours de trois quarts d’heure ses lieutenants contre le poison de la division : « Dans les grands combats, les petites carrières personnelles ne comptent pas (…) La première victoire est sur nous-mêmes ».
Le nouveau Front national, « qui portera un nouveau nom », verra ses orientations ajustées à l’issue d’un congrès en mars à Lille, dont le vote sera « souverain ». Dans l’attente, une tournée de « refondation », dont Brachay était la première étape avant Toulouse le 23, et un questionnaire envoyé à la fin du mois aux frontistes. Mme Le Pen a appelé « tous les Français » à participer à son grand-oeuvre, promettant une nouvelle structure, un « mécanisme de fonctionnement rénové », plus « décentralisé », mais aussi un projet d’Europe des nations « davantage formalisé » – c’était souhaité en interne – et l’émergence de « nouvelles personnalités ».