L’arbitre Bibiana Steinhaus a fait un sans-faute dimanche lors du match Berlin-Brême (1-1) comptant pour la 3e journée de Bundesliga, devenant la première femme de l’histoire du soccer à diriger un match de première division professionnelle en Europe.
Devant les 50 000 spectateurs du stade olympique de Berlin, parmi lesquels son compagnon dans la vie, l’ex-arbitre international britannique Howard Webb, l’arbitre vêtue de noir a livré une prestation rigoureuse et discrète, et reçu les félicitations des joueurs et des deux entraîneurs au coup de sifflet final.
«Je l’avais dit avant le match, le sexe ne joue aucun rôle», a déclaré le coach de Brême Alexander Nouri, «ce qui compte c’est la performance, et aujourd’hui, c’était OK».
«Respect total», a fait écho son collègue de Berlin Pal Dardai: «Elle a beaucoup laissé joué, et pourtant c’était un match très physique. J’étais content».
Un carton jaune au Berlinois Per Cilian Skjelbred pour une intervention défensive un peu trop musclée, deux mises au point vigoureuses pour calmer des ardeurs, et de bonnes décisions dans des situations litigieuses ont émaillé sa partie.
La fonctionnaire de police de 38 ans s’est notamment fait remarquer par un excellent réflexe sur le premier but berlinois. Alors qu’il allait entrer dans la surface balle au pied, le milieu offensif du Hertha Vladimir Darida a été fauché, mais le ballon a poursuivi sa course en direction de son coéquipier Mathew Leckie, lancé sur l’aile.
Bibiana Steinhaus, prête à siffler l’indiscutable coup franc, a su attendre une fraction de seconde, laissant l’avantage, dont a profité Leckie pour ouvrir le score, d’un tir entre les jambes du gardien (1-0, 38e).
«Un message fort»
Elle n’a ensuite pas sifflé lorsque des attaquants de Berlin se sont effondrés dans la surface aux 73e et 75e minutes, et la vidéo a confirmé qu’elle avait eu raison.
«Pour nous, il est essentiel de ne pas être au centre des débats à la fin d’un match», a-t-elle commenté, «c’est le cas aujourd’hui, et nous en sommes très heureux».
«Elle avait une pression énorme», a reconnu pour sa part le président de la Fédération allemande de soccer (DFB) Reinhard Grindel, «et elle a pris les bonnes décisions dans toutes les situations critiques, on a vu qu’elle avait une incroyable expérience».
Outre ses dix saisons d’arbitrage en deuxième division masculine, cette athlète d’1,81 – qui avoue être une piètre joueuse – a dirigé tous les matchs les plus prestigieux du soccer féminin, dont les finales de Coupe du monde, des jeux Olympiques et de la Ligue des champions.
Avant elle, de rares arbitres féminines avaient officié en première division en France, en Italie ou en Angleterre, comme juges de touche. Mais Mme Steinhaus est la toute première à tenir le sifflet à ce niveau.
«C’est un message fort pour le reste du monde», s’était félicité la secrétaire générale de la Fifa Fatma Samoura, lors de la nomination de Mme Steinhaus en mai dernier.
«Je n’ai jamais fait cela dans un but d’émancipation. Je fais seulement ce que j’aime», a cependant précisé l’intéressée, dans une interview quelques jours avant sa grande première. «Mais si je suis un exemple pour beaucoup de jeunes filles, ou même une pionnière pour faire avancer l’égalité des droits, je m’en réjouis évidemment».
Au classement de la Bundesliga, le Borussia Dortmund est premier à la différence de buts avec 7 points, comme Hoffenheim et le promu Hanovre. Le Bayern et Leipzig comptent l’un et l’autre 6 points, à égalité avec Hambourg.