« Misogynie, homophobie, haine et mépris: pas dans ma syna »: des personnalités juives ont protesté contre la venue mardi soir (12 septembre) dans une synagogue parisienne du grand rabbin séfarade de Jérusalem Shlomo Amar, contesté pour des promos polémiques sur le judaïsme libéral et l’homosexualité.
Ancien grand rabbin séfarade d’Israël, Shlomo Amar a été accueilli vers 21H00 dans une certaine allégresse à l’intérieur de la synagogue Buffault, dans le IXe arrondissement de la capitale française, pour une conférence organisée par le Consistoire, l’instance représentative du culte juif en France.
Sur le trottoir opposé à la synagogue, placée sous une visible protection de la police et des services communautaires, une vingtaine de personnes s’étaient rassemblées, pour la plupart membres de mouvements juifs libéraux ou LGBT, entonnant des chants en hébreu, a constaté un journaliste de l’AFP.
Deux administrateurs élus du Consistoire avaient rejoint le groupe. Certains manifestants étaient venus avec des pancartes « Pas dans ma syna » ou « Un consistoire pour tous ».
Le grand rabbin Amar s’était attiré récemment de vives critiques après un sermon, relayé par des médias israéliens, fustigeant les juifs libéraux qui réclament un espace de prière mixte au Mur des Lamentations.
Les juifs libéraux « disent que les juifs orthodoxes extrémistes ont inventé la séparation des genres… C’est comme les négationnistes, c’est la même chose: ils parlent des négationnistes en Iran, (mais) ils sont plus négationnistes que les négationnistes », avait-il lancé.
Shlomo Amar est en outre connu pour ses déclarations hostiles à l’homosexualité, qu’il a qualifiée d' »abomination » que « la Torah punit de la peine de mort ».
« Il serait temps de rappeler au Consistoire que l’homophobie, comme l’antisémitisme, n’est pas une opinion mais un délit », a estimé mardi le président du mouvement juif LGBT Beit Haverim, Alain Beit.
Figure du mouvement libéral en France, la femme rabbin Delphine Horvilleur s’est « désolée que le Consistoire puisse s’associer à de tels discours, persuadée que nul au sein du judaïsme de France n’ignore que les paroles de haine peuvent armer les bras meurtriers ».
« C’est un grand honneur pour nous de vous accueillir à nouveau », a lancé a contrario au « Rishon LeTzion » (nom signifiant « premier à Sion » donné aux grands rabbins d’Israël ou de Jérusalem), dans la synagogue, le président du Consistoire, Joël Mergui, bravant la polémique. « La main du Consistoire est toujours tendue à tous les juifs qui sont en quête de spiritualité ou d’identité », a-t-il cependant ajouté à destination de ses détracteurs.
Le grand rabbin de France Haïm Korsia, qui avait participé en 2016 à une conférence à l’invitation du mouvement juif LGBT « contre toutes les discriminations », ne s’est pas rendu à la synagogue Buffault, a constaté l’AFP.