L’OTAN a exprimé ses craintes après l’achat par la Turquie, pourtant l’un de ses membres, de missiles S-400 à la Russie. Mais Recep Tayyip Erdogan met en avant la nécessité de garantir la sécurité de son pays.
Le président turc Recep Tayyip Erdogan a balayé les critiques formulées à son encontre à propos du récent achat de missiles sol-air longue portée effectué par Ankara auprès de Moscou. Selon lui, la Turquie ne peut pas attendre d’être protégée par ses alliés de l’OTAN.
«Ils prennent la mouche parce que nous avons signé un contrat pour des S-400 [avec la Russie]», s’est agacé Recep Tayyip Erdogan lors d’un discours aux maires de son parti le 13 septembre, comme le rapporte le journal Hurriyet. «Mais à quoi s’attendaient-ils ? On devrait les attendre ?», s’est-il également interrogé. Selon lui, la Turquie veille sur elle-même.
Le contrat conclu entre Moscou et Ankara, et annoncé le 12 septembre dernier, a en effet provoqué l’irritation de Washington, qui y voit une remise en cause des accords liant la Turquie à l’OTAN. «Nous avons exprimé nos craintes aux autorités turques concernant cet achat : un système de défense antimissile commun reste la meilleure option pour défendre la Turquie contre les menaces dans la région», a mis en garde Johnny Michael, le porte-parole du Pentagone.
«L’achat de ces équipements militaires par la Turquie relève d’un choix souverain qu’il n’appartient pas aux membres de l’Alliance atlantique de commenter», a, de son côté, déclaré la porte-parole du Quai d’Orsay Agnès Romatet-Espagne, avant d’ajouter : «La Turquie est fortement soutenue par ses alliés de l’OTAN pour faire face aux menaces régionales qui pèsent sur sa sécurité.»
La Turquie examine différentes solutions pour l’acquisition de missiles antiaériens depuis plusieurs années. En 2013, déjà, Ankara avait surpris les autres membres de l’OTAN en annonçant vouloir acheter un système de défense FD-2000 à la Chine, s’attirant ainsi les foudres de Washington. Finalement, la Turquie avait renoncé à ce contrat, arguant que la Chine s’était montrée trop lente à lui fournir toutes les technologies ad-hoc. Plusieurs experts avaient alors estimé que la Turquie avait surtout voulu mettre l’OTAN sous pression, notamment afin d’acquérir le système américain Patriot Pac-3 à un prix avantageux.