Le tribunal pour enfants de Saverne (Bas-Rhin) a commencé à juger jeudi, à huis clos, cinq jeunes hommes âgés aujourd’hui de 18 à 19 ans, qui ont reconnu avoir saccagé quelque 250 tombes dans le cimetière juif de Sarre-Union en février 2015.
Les cinq prévenus, qui étaient tous mineurs au moment des faits, ont « dit qu’ils avaient pris conscience du mal qu’ils ont fait », a raconté à l’AFP, lors d’une suspension d’audience en soirée, le représentant de l’une des parties civiles.
Les cinq hommes sont jugés jusqu’à vendredi pour profanations et dégradations de sépultures, « en raison de l’appartenance des personnes décédées à une religion déterminée, en l’espèce le judaïsme ». Ils encourent sept ans de prison, ou moitié moins si le tribunal décide de leur accorder l' »excuse de minorité ». Le Consistoire israélite du Bas-Rhin, également partie civile, a d’ailleurs expliqué avant le procès qu’il appelait le tribunal à ne pas retenir cette excuse.
« Que serait la France si de tels actes étaient facilement pardonnés ou regardés comme des erreurs de jeunesse ? », a argumenté dans un communiqué Thierry Roos, membre du Consistoire et également vice-président de la Licra du Bas-Rhin. Le Consistoire, en charge de l’entretien des cimetières, entend demander que les prévenus soient condamnés à payer les frais de remise en état des tombes saccagées et renversées, soit « plus de 850.000 euros ».
Cette profanation de très grande ampleur avait provoqué une vive indignation au niveau national, conduisant le président François Hollande à se rendre sur place. « Profaner, c’est insulter toutes les religions », avait-il proclamé, lors d’une cérémonie de recueillement organisée en présence de nombreux responsables politiques et religieux. La justice devra dire « ce qui relève de l’inconscience, de l’ignorance ou de l’intolérance », avait-il ajouté. Les suspects avaient été interpellés quelques jours après les faits, après que l’un d’eux se fut rendu de lui-même à la gendarmerie, effrayé par le retentissement médiatique de l’affaire.
Le procureur de Saverne, Philippe Vannier, avait alors expliqué que le mobile antisémite de leur acte était avéré, puisqu’ils avaient décrit au cours de leurs auditions des « gestes et paroles révélatrices », comme des « saluts nazis », des crachats sur des symboles juifs, ou le fait d’avoir prononcé « sales juifs », « sale race », « Heil Hitler » ou « Sieg Heil ».