Le prêtre rappelé est soupçonné d’avoir visionné des images pédopornographiques. En 2013, l’Église avait rappelé un de ses représentants, accusé de pédophilie.
L’Église encore secouée par une affaire de pédocriminalité. Un prêtre occupant un poste diplomatique du Saint-Siège à Washington, soupçonné d’avoir consulté des images pédopornographiques, a été rappelé au Vatican, où une enquête a été ouverte, a annoncé vendredi le Saint-Siège. Les États-Unis, qui ont donné l’alerte, ont demandé au Vatican de lever l’immunité diplomatique du prêtre, une demande qui est restée lettre morte, a pour sa part précisé une source du département d’État.
« Le 21 août, le département d’État américain a fait état, par voie diplomatique, d’une possible violation des lois sur les images pédopornographiques de la part d’un membre du corps diplomatique du Saint-Siège accrédité à Washington », a indiqué vendredi après-midi le service de presse du Vatican dans un communiqué. Le Saint-Siège a par conséquent « rappelé le prêtre en question, qui se trouve actuellement dans la Cité du Vatican ».
Immunité diplomatique
Les informations fournies par les États-Unis ont été transmises au procureur du tribunal du Vatican, qui a « ouvert une enquête et a déjà entamé une collaboration internationale pour obtenir des éléments sur cette affaire », a précisé le Vatican dans son communiqué, tout en soulignant le caractère confidentiel de cette enquête préliminaire.
« Les États-Unis ont adressé une demande officielle à la nonciature [ambassade du Vatican – N-F.] pour que l’immunité diplomatique de cette personne soit levée, mais la nonciature a refusé de le faire », a réagi un responsable du département d’État, sous le couvert de l’anonymat.
« Les États-Unis encouragent le Saint-Siège à faire en sorte que ses réformes et sa politique de protection des mineurs soient pleinement mises en œuvre, et que justice soit rendue concernant ces accusations », a ajouté cette source.
Un cas similaire
Un nonce polonais accusé de pédophilie, Josef Wesolowski, avait déjà été rappelé d’urgence de République dominicaine en 2013 par le Vatican, après des informations de presse qui l’accusaient d’avoir eu des relations sexuelles tarifées avec des mineurs. Le Vatican avait refusé de l’extrader vers la Pologne. Au plan canonique (justice ecclésiale), il avait été jugé et sanctionné en juin 2014 par la Congrégation pour la doctrine de la foi, qui l’avait réduit à l’état laïque, la peine maximale pour un prélat.
Le pape François avait également ordonné des poursuites pénales pour abus sexuels sur mineurs, une première historique au Vatican. Le prélat avait été arrêté et assigné à résidence, mais était décédé à 67 ans, en août 2015, à la veille de l’ouverture de son procès pénal.
Il était poursuivi pour actes pédophiles sur des enfants de 13 à 16 ans à Saint-Domingue, mais aussi pour détention et recel « en quantité importante » de photos pédopornographiques, chargées sur l’Internet au Saint-Siège après son retour au Vatican. Il risquait six à sept ans de prison, sans compter d’éventuelles circonstances aggravantes.