Le président brésilien Michel Temer s’est dit mardi victime de « faux témoignages », après la diffusion dans la presse d’un rapport de police qui l’accuse de prendre part à une « organisation criminelle » au sein de son parti.
« Nous sommes arrivés à un tel point que certains tentent de condamner des personnes sans les entendre, sans vérifier l’existence de preuves réelles », a dénoncé le chef de l’État dans un communiqué d’une virulence rare qui témoigne des tensions actuelles entre l’exécutif et le judiciaire.
Le président fait référence au système des « délations récompensées », de plus en plus utilisé dans les enquêtes anti-corruption au Brésil, avec des accords de collaboration avec la justice noués par des suspects disposés à passer aux aveux dans l’espoir d’une remise de peine.
Parmi ces personnalités, le magnat de la viande Joesley Batista, qui l’accuse de « commander l’organisation criminelle la plus dangereuse du pays », mais a été placé en détention provisoire lundi, soupçonné d’avoir omis des informations dans des aveux.
Selon le quotidien Estado de Sao Paulo, un rapport d’enquête de la police fédérale a conclu que M. Temer aurait touché 31,5 millions de réais (environ 8,5 millions d’euros) sous forme d' »avantages indus ».
Le chef de l’État « n’a pas pris part à une structure visant à obtenir des avantages indus dans des organismes de l’administration publique », avait déjà réagi le service de presse de la Présidence dans un communiqué lundi soir.
D’après le journal, le rapport de police indique que M. Temer aurait utilisé son influence au sein de son parti, le PMDB (centre-droit), pour « placer certaines personnes dans des postes stratégiques et recevoir les fonds provenant de donations électorales de la part de chefs d’entreprise ».
« Le président Temer regrette que ces insinuations aient filtré dans la presse avant d’avoir été dûment analysées par la justice », selon la présidence.
Ces nouveaux éléments pourraient être utilisés dans les prochains jours par le procureur général Rodrigo Janot pour formuler une nouvelle mise en accusation du président Temer, pour obstruction à la justice et participation à une organisation criminelle.
Fin juin, le chef de l’Etat avait déjà été accusé formellement de corruption passive, mais avait sauvé son mandat début août en obtenant une large majorité à la Chambre des députés pour empêcher l’ouverture d’un procès à son encontre.