Le Premier ministre algérien, Ahmed Ouyahia, a estimé dimanche à Alger que «la présence des forces de sécurité ne suffit pas à elle seule pour combattre les résidus du terrorisme ».
Il a mis en exergue la nécessité d’œuvrer au « développement du sens de la vigilance et du signalement » chez le citoyen afin de circonscrire la menace terroriste.
«Il faut tirer les enseignements de l’attentat lâche perpétré récemment à Tiaret », a affirmé Ahmed Ouyahia devant les membres de l’Assemblée populaire nationale (APN) (parlement) lors de la présentation du Plan d’action du gouvernement.
Fin août, un kamikaze a tenté de se lancer sur un commissariat de la ville de Tiaret (270 Km Sud-ouest d’Alger), tuant deux policiers qui l’ont en empêché.
L’assaillant, lui, est mort en actionnant sa ceinture explosive. Cet attentat a été revendiqué par l’organisation Etat Islamique (EI).
«Force est de constater que la présence des forces de sécurité ne suffit pas à elle seule pour combattre les résidus du terrorisme, notamment lorsqu’il s’agit d’attentats suicides », a-t-il dit, selon des propos repris par l’agence officielle, APS.
Le Premier ministre a souligné l’impératif de «promouvoir le sens de la vigilance au sein de la société » à travers le signalement aux services de sécurité de toute menace terroriste afin de réduire le risque d’attaques contre notre pays.
«La préservation de la sécurité et de la stabilité est une préoccupation majeure et une priorité pour le Gouvernement », a-t-il affirmé, ajoutant que « les expériences qu’a vécues l’Algérie et la situation actuelle dans certains pays amis et frères montrent que la prospérité et le développement ne sauraient être réalisés sans la sécurité».
L’Algérie a connu une décennie de terrorisme (1992-2002), après l’arrêt d’un processus électoral en janvier 1992 qui a vu la victoire des islamistes au premier tour de la première élection pluraliste depuis l’indépendance du pays en 1962, qui avait fait 200000 morts.
Grâce à la lutte des services de sécurité, mais également à d’autres mesures décidées par les autorités, comme la concorde civile et la charte pour la paix et la réconciliation nationale, accordant le pardon aux personnes renonçant définitivement aux activités terroristes, à l’exception des personnes coupables de viols ou de massacres, l’Algérie a pu venir à bout de ce fléau, même si aujourd’hui encore des actes sont commis, de temps à autre, par des groupuscules isolés, ciblant particulièrement les services de sécurité.
«Chacun de nous conviendra qu’il n’y a ni développement ni bien être, lorsque la sécurité est absente, lorsque la stabilité d’un pays est remise en cause, ou lorsque l’unité d’une nation est atteinte. Notre histoire récente nous a douloureusement appris cela et l’actualité à travers le monde nous en donne aussi de nombreuses preuves. Voilà pourquoi le Gouvernement ne ménagera aucun effort pour préserver la sécurité et la paix civile qui sont des fruits précieux de la Réconciliation nationale », soutient Ouyahia dans son plan d’action publié sur le site du premier ministère.
«Nos forces de sécurité, à leur tête l’Armée Nationale Populaire, bénéficieront de tout l’appui nécessaire pour poursuivre la lutte contre le terrorisme, pour combattre la criminalité transfrontalière, et pour préserver l’intégrité du territoire national. Dans le même temps, le Gouvernement travaillera au développement d’une culture de vigilance qui sera d’un apport certain contre toute tentative d’attentat terroriste suicidaire, notamment en milieu urbain», a-t-il ajouté.
«Parallèlement, notre société sera mise à l’abri de toute tentative de raviver la Fitna (conflit fratricide, ndlr). Notre peuple sera protégé de l’infiltration des sectes étrangères. La Loi sera appliquée avec fermeté pour protéger les mosquées ainsi que les imams. L’éducation islamique, les médias nationaux ainsi que nos zaouias seront également mis à contribution pour préserver notre authenticité», a-t-il encore précisé.