« Foxtrot », un film israélien candidat aux Oscars, a suscité mercredi l’indignation de la ministre de la Culture Miri Regev pour qui cette oeuvre prête le flanc à une accusation de « meurtre rituel » à l’encontre de soldats israéliens.
« Foxtrot », qui a obtenu cette année le Lion d’argent Grand Prix du Jury à la Mostra de Venise, raconte une histoire de deuil avec pour toile de fond deux générations traumatisées par le service militaire et traite notamment de l’occupation israélienne des territoires palestiniens.
Ce choix a été dénoncé par Miri Regev, qui entretient des relations tumultueuses avec le monde artistique israélien et n’avait d’ailleurs pas été invitée à la cérémonie de remise des prix.
Elle a avoué ne pas avoir vu le film mais cela ne l’a pas empêché de prendre le mors aux dents contre « Foxtrot », dont une scène montre notamment des soldats israéliens tuant un Palestinien innocent dans un moment de panique. Un officier étouffe ensuite la bavure.
« Il s’agit d’une terrible accusation de meurtre rituel », s’est indignée la ministre dans une vidéo sur sa page Facebook.
« En tant que ministre et mère d’enfants qui ont servi au sein de Tsahal (l’armée israélienne) j’ai honte qu’un tel film ait obtenu une récompense aussi prestigieuse », a ajouté Miri Regev.
Selon elle « Foxtrot » est « diffamatoire » et « mensonger » à l’égard de l’armée israélienne.
« Le film qui a été primé ne représente que ceux qui l’ont choisi et non pas la société ou l’Etat d’Israël. Je ne peux que présenter mes excuses auprès des soldats israéliens et leurs familles. Ils ne méritaient pas cela », a ajouté la ministre.
Elle a également prévenu que la politique de subventions publiques accordées aux films « allait changer », laissant ainsi entendre que les films jugés « anti-israéliens » ne recevraient plus d’aide.
Samuel Maoz avait déjà triomphé en 2009 à Venise avec « Lebanon », son premier film autobiographique « écrit avec ses tripes », qui montre les horreurs de la guerre à travers le viseur d’un char lors de la première guerre du Liban en 1982.
Miri Regev a fait sensation sur le tapis rouge du dernier Festival de Cannes en montant les marches dans une robe longue ivoire représentant un vaste panorama de Jérusalem.
Il s’agissait pour elle de justifier l’annexion de Jérusalem-Est –secteur palestinien occupé par Israël depuis 1967–, qui n’a jamais été reconnue par la communauté internationale.