L’Iran tente à l’ONU de défendre l’accord nucléaire face au Trump-le-« voyou »

L’Iran respecte l’accord nucléaire de 2015 mais réagira avec « détermination » si Donald Trump, qualifié de « voyou », devait le dénoncer, a prévenu mercredi le président iranien Hassan Rohani devant l’ONU, au lendemain d’un virulent discours du président américain.

« Nous n’avons trompé personne » dans l’application de l’accord, mais Téhéran « réagira avec détermination » à toute violation du texte, a ajouté M. Rohani, alors que les Etats-Unis menacent de plus en plus de dénoncer l’accord. « Il serait dommage que l’accord soit détruit par des nouveaux voyous en politique internationale », a-t-il lancé.

Mardi, le président américain avait attaqué l’Iran en le qualifiant d' »Etat voyou » et de « dictature corrompue », à la même tribune de l’Assemblée générale des Nations unies. Lors de son allocution, le président iranien s’est fait le chantre de la « modération » et de la « démocratie ».

Le bras de fer sera au menu plus tard dans la journée à New York d’une réunion des pays signataires du texte historique, qui donnera lieu à la première rencontre entre le secrétaire d’Etat américain Rex Tillerson et son homologue iranien Mohammad Javad Zarif depuis le changement d’administration américaine en janvier.

Au coeur de la crise entre les deux pays, l’accord signé par Téhéran et les grandes puissances – dont les Etats-Unis -, que Donald Trump voue aux gémonies.

« Nous devons garder l’accord de 2015 car c’est un bon accord », a plaidé mercredi le président français Emmanuel Macron. Mais il a proposé d' »ajouter deux ou trois autres piliers » semblant répondre aux préoccupations américaines: « Un pour un meilleur contrôle des missiles balistiques et des activités balistiques, qui ne sont pas couverts par l’accord de 2015; un deuxième pour l’après-2025 parce que l’accord ne couvre pas la situation après 2025; et un troisième pour ouvrir des discussions avec l’Iran sur la situation actuelle dans la région ».

Washington reproche à Téhéran de « déstabiliser » le Moyen-Orient, notamment en Syrie, au Liban et au Yémen.

Si le président Rohani n’a pas répondu à ces propositions dans son discours, selon des diplomates français, toute réouverture des débats reste pour l’instant une « ligne rouge » pour les Iraniens.

Plusieurs diplomates s’inquiètent en outre des répercussions négatives d’une volte-face américaine sur l’Iran, alors que la communauté internationale espère encore faire revenir la Corée du Nord à la table des négociations pour lui faire renoncer à ses propres ambitions nucléaires.

Selon Stewart Patrick, chercheur au Council on Foreign Relations, « les Nord-Coréens observent de près comment est traité l’Iran », pour voir « quel serait leur propre sort s’ils devaient un jour accepter de renoncer à leurs armes nucléaires ».

Behnam Ben Taleblu, du groupe de pression conservateur Foundation for Defense of Democracies, très critique envers l’accord iranien, pense au contraire qu’une « ligne dure contre Téhéran » renforcerait la « crédibilité des Etats-Unis » et les placerait en position de force lors d’éventuelles futures négociations avec la Corée du Nord.

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